Le 10 mai 1871, en pleine insurrection parisienne, le gouvernement d’Adolphe Thiers signe à Francfort un traité de paix qui ratifie les Préliminaires de Versailles. La France conserve un territoire autour de Belfort, mais cède les centres sidérurgiques de Lorraine (Moyeuvre, Hayange), l’indemnité de guerre doit être versée jusqu’en 1874, la libération des départements occupés étant conditionné par le versement, les Alsaciens et les Mosellans ont la possibilité de choisir leur nationalité jusqu’au 1er octobre 1872 et la France accorde à l’Allemagne le traitement de la « nation la plus favorisée », avantages douaniers parfois qualifiés de “ Sedan industriel ”.
De cette date, la revanche militaire et le retour des provinces perdues sont au cœur des préoccupations. En même temps que l’on reconstruit un pays ravagé et ruiné par dix mois de guerre, il faut préparer l’armée de la revanche. L’Armée n’a pas démérité, opposant à une armée allemande conquérante et supérieure son courage et sa ténacité, mais mal équipée, mal préparée, mal commandée par des chefs timorés ou inconséquents, ses faits d’armes et la vaillance de ses soldats et d’une grande partie de ses cadres ne suffisent pas à faire oublier qu’elle porte une grande part de responsabilité dans la défaite.
Le 24 juillet 1871, une circulaire ministérielle impose une réduction du nombre des batteries dans les régiments d’artillerie, sous-encadrés après la démobilisation, pour assurer dans de bonnes conditions la discipline et l’instruction. Le colonel Süter, qui commande le Régiment depuis le 16 avril, réduit à dix-neuf le nombre de batteries, qui sont encore égayées dans tout le pays : une à Vincennes, quatre à Versailles, trois à Paris, sept à Toulouse, une à Langres, une à Lyon, deux à Besançon.
1ère batterie à pied capitaine en 1er Marsillon, Vincennes,
2e batterie à pied capitaine en 1er Soubrat, Paris (fort d’Ivry),
3e batterie montée lieutenant en 1er Francfort, Besançon,
4e batterie montée capitaine en 1er Salin, Toulouse,
5e batterie montée capitaine en 2e Dessus, Toulouse,
6e batterie montée capitaine en 1er Martin de Randal, Toulouse,
7e batterie montée capitaine en 2e Moreau, Toulouse,
8e batterie montée capitaine en 2e Roussset, Toulouse,
9e batterie montée lieutenant en 2e Lamiche, Langres,
10e batterie montée capitaine en 1er Zimmer, Toulouse,
11e batterie montée capitaine en 1er Grosclerc, Besançon,
12e batterie montée capitaine en 2e Verchère, Toulouse,
13e batterie montée capitaine Wohlfrom, Lyon,
14e batterie montée capitaine en 1er Denef, Versailles,
15e batterie montée capitaine en 1er Jarlot, Versailles,
16e batterie montée capitaine en 1er Matheu, Versailles,
17e batterie montée capitaine en 1er Morvan, Paris,
18e batterie montée capitaine en 1er de Cabanel de Sermet, Paris,
19e batterie montée capitaine en 1er André, Versailles,
dépôt capitaine en 2e Boussard, Toulouse.
Le 4 octobre, le Régiment reçoit l’ordre de se regrouper à Vincennes, où il prend ses quartiers dans le Vieux Fort.
Le 10 mai 1872, conformément au décret du 20 avril 1872, le Régiment est réorganisé. La 19e batterie est versé au 16e Régiment d’artillerie, les 2e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e et 14e batteries au 25e Régiment d’artillerie, les 15e et 16e batteries au 26e Régiment d’artillerie.
ORGANISATION DU RÉGIMENT
ETAT-MAJOR
colonel de Brives
lieutenant-colonel Delange
chef d’escadron Sers
chef d’escadron Roques
chef d’escadron Mondon
chef d’escadron Jaubert
major Faure-Durif
capitaine en 1er Perrou, instructeur d’équitation
capitaine en 1er Bidot, trésorier
capitaine en 1er Perney, adjudant-major
capitaine en 1er Berthet, officier d’habillement
sous-lieutenant Frelupt, trésorier adjoint
BATTERIES
1ère , à pied, ex-1ère capitaine Lannes de Montebello
2e, dépôt, ex dépôt capitaine Gigaudet
3e, montée, ex-3e capitaine Cahen
4e, montée, ex-4e capitaine Salin
5e, montée, ex-5e capitaine Mangin
6e, montée, ex-6e capitaine Martin de Randal
7e, montée, ex-7e capitaine Hans
8e, montée, ex-17e capitaine Morvan
9e, montée, ex-18e 9e, montée, ex-18e capitaine Baudouin
13e, à cheval capitaine Ploix
14e, à cheval, ex-8e capitaine de Boysson
Le 25 novembre un décret crée dans chaque régiment une batterie supplémentaire qui prend au 12e le numéro 10, dont le capitaine Rousset prend le commandement le 1er janvier 1873.
La loi du 24 juillet 1873 sur l’organisation générale de l’armée et le décret du 28 septembre 1873 portant création de huit régiments d’artillerie, impose, le 21 octobre 1873, une nouvelle réorganisation du Régiment, qui comprend désormais dix batteries (deux batteries à pied et huit batteries montées). Il conserve sa 1ère batterie à pied, transforme en batterie à pied sa 2e batterie et conserve les 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e et 10e batteries montées. La 13e batterie à cheval est intégrée au 13e Régiment d’artillerie et la 14e batterie à cheval au 32e Régiment d’artillerie.
Le 21 octobre 1873, l’organisation du Régiment est la suivante :
ETAT-MAJOR
colonel de Brives
lieutenant-colonel Couturier
chef d’escadron Sers
chef d’escadron Roques
chef d’escadron Mondon
chef d’escadron Jaubert
chef d’escadron Berthier de Grandry
major Faure-Durif
capitaine en 1er Perrou, instructeur d’équitation
capitaine en 1er Bidot, trésorier
capitaine en 1er Perney, adjudant-major
capitaine en 1er Berthet, officier d’habillement
sous-lieutenant Frelupt, trésorier adjoint
BATTERIES
1e, à pied capitaine Perney
2e, à pied capitaine Gigaudet
3e, montée capitaine Cahen
4e, montée capitaine Salin
5e, montée capitaine Mangin
6e, montée capitaine Lannes de Montebello
7e, montée capitaine Hans
8e, montée capitaine Debatisse,
9e, montée capitaine Baudouin
10e, montée capitaine Rousset
La loi du 13 mars 1875 fixe à treize le nombre de batteries du Régiment : trois batteries à pied, huit batteries montées, deux batterie montée de dépôt. L’instruction ministérielle du 15 avril 1875 ajourne la création de la deuxième batterie de dépôt. Une compagnie de train d’artillerie est ajoutée au Régiment. Les régiments d’artillerie sont regroupés par deux pour former une brigade d’artillerie, affectée à un corps d’armée. Le 12e forme avec le 13e Régiment d’artillerie la 19e brigade d’artillerie, appartenant au XIXe Corps, en Algérie. Les batteries sont destinées à fournir l’appui aux régiments des deux divisions du Corps.
Le Régiment conserve les 1ère, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e et 10e batteries, la 3e batterie devient 11e batterie et est remplacée par la 1ère batterie bis du 13e Régiment d’artillerie, la 2e batterie détachée à Givet est versée au 17e Régiment d’artillerie et est remplacée par la 2e batterie du 15e régiment d’Artillerie, détachée à Mascara (Algérie), la 12e batterie (batterie de dépôt et de sections de munitions) est crée par prélèvements sur les autres batteries. La 26e compagnie du 2e Régiment d’artillerie devient 1ère compagnie de train d’artillerie du 12e.
Le 1er mai 1875, le Régiment adopte donc l’organisation suivante :
ETAT-MAJOR
colonel de Brives
lieutenant-colonel Couturier
chef d’escadron de Geoffre de Chabrignac
chef d’escadron Mondon
chef d’escadron Jaubert
chef d’escadron Berthier de Grandry
major Boone
lieutenant en 1er de Dartein, instructeur d’équitation
capitaine en 1er Bidot, trésorier
capitaine en 1er Perney, adjudant-major
capitaine en 1er Berthet, officier d’habillement
sous-lieutenant Jourdain, trésorier adjoint
BATTERIES
1e, à pied capitaine Larnac
2e, à pied capitaine Laval
3e, à pied capitaine Martel
4e, montée capitaine Salin
5e, montée capitaine Mangin
6e, montée capitaine Lannes de Montebello
7e, montée capitaine Hans
8e, montée capitaine Debatisse
9e, montée capitaine Baudouin
10e, montée capitaine Rousset
11e, montée capitaine Cahen
12e, montée de dépôt capitaine Perroud
1ère compagnie du train capitaine Carrère
Le 29 mai, le colonel Dejean succède au colonel de Brives, nommé commandant l’artillerie du XVIIe Corps.
Le Régiment reçoit le nouveau canon de 90 mm modèle 77, système de Bange, matériel puissant et précis qui remplace les vieux canons Reffye. Le nouveau canon est léger (1.200 kg), précis et porte à plus de 9.000 mètres.
L’Algérie 1881
Le 21 avril 1881, la 2e batterie (capitaine Marie) alors à Oran pour ses écoles à feu, détache une section (lieutenant Partout) à Mascara, puis à Saïda pour se joindre à la colonne Collignon. Le 19 mai, elle est engagée dans le combat de El-Moualack. En septembre elle rejoint le reste de la batterie à Mascara.
L’expédition de Tunisie 1881-1882
Le 16 avril 1881, la 13e batterie (capitaine Bourgeois),organisée en section de munitions, quitte Vincennes pour se rendre à Bizerte. Elle est peu sollicitée, et après avoir soutenu la colonne du général Bréart, elle est de retour à Vincennes au début du mois de juillet.
La 8e batterie met sur pied une section de montagne (lieutenant Noël) qui quitte Vincennes le 10 avril 1881, et débarque le 22 à Tabarka. Elle participe aux opérations contre les Kroumirs, appuyant de ses feux un bataillon du 143e de ligne dont l’arrière-garde est harcelée. Fin octobre, après avoir reversé à différents régiments ses hommes et son matériel, le lieutenant Noël regagne la France avec les cadres.
Vincennes
Le 6 août 1882, le colonel Brugère, jusqu’à présent membre du cabinet militaire du Président de la République, prend le commandement du 12e.
Le Régiment subit une nouvelle réorganisation le 1er septembre 1883, en application de la loi du 24 juillet.
Les 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e et 11e batteries restent au régiment en prenant les numéros 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 11. Les 1ère et 3e batteries à pied sont affectées au 16e Bataillon d’artillerie de forteresse, la 13e batterie, organisée en batterie à pied, au 9e Bataillon d’artillerie de forteresse. La 1ère compagnie de train d’artillerie est dissoute et les personnels et chevaux sont affectés dans les batteries, mettant fin à la distinction entre canonniers et conducteurs. Les 7e et 8e batteries du 13e Régiment d’artillerie deviennent 9e et 10e batteries du 12e. Une 12e batterie est crée par prélèvement sur les autres batteries. La 2e batterie, stationnée en Algérie reste au régiment sous le numéro 2 bis.
ETAT-MAJOR
colonel Brugère
lieutenant-colonel Dejean
chef d’escadron Gervais
chef d’escadron Jullien, commandant l’artillerie de la 1ère Division de cavalerie
chef d’escadron Michal
chef d’escadron de Coescon, détaché à l’école d’artillerie de Vincennes
chef d’escadron Dessus
capitaine en 2e de Dampierre, instructeur d’équitation
capitaine en 2e Cognon, trésorier
capitaine en 1er Loubat, officier d’habillement
sous-lieutenant Laurent, trésorier adjoint
BATTERIES
1ère , ex-4e capitaine Altmayer, Vincennes
2e, ex-5e capitaine Perruchon, Vincennes
3e, ex-6e capitaine de Saxcé, Vincennes
4e, ex-7e capitaine Martin, Vincennes
5e, ex-8e capitaine Faure, Vincennes
6e, ex-9e capitaine Kling, Vincennes
7e, ex-10e capitaine Strapart, Saint-Denis
8e, ex-11e capitaine Gourgaut, Vincennes
9e, ex-7e du 13e capitaine Jourdy, Vincennes
10e, ex-8e du 13e capitaine Nicolas, Langres
11e, ex-12e capitaine Camps, Vincennes
12e capitaine Charpentier, Vincennes
2e bis capitaine Guilloux, Oran
Le 1er janvier 1884, les 9e et 10e batteries sont versées au 11e Régiment d’artillerie et sont remplacées par les 9e et 10e batteries de ce Régiment.
L’expédition du Tonkin 1884-1886
Depuis la défaite de 1871, la France s’est surtout attachée à préparer la revanche, en reconstruisant son armée, délaissant l’expansion coloniale, accusée de gaspiller les énergies et de distraire de l’objectif ultime que doit rester le retour des provinces perdues (“ j’ai perdu deux enfants et vous m’offrez vingt domestiques ” s’écrie le poète nationaliste Paul Déroulède).Il faut attendre l’arrivée au gouvernement de Jules Ferry, porte-parole du parti colonial, pour voir relancée la conquête vers l’Afrique, l’Asie, l’Océan Indien et l’Océan Pacifique.
Depuis 1883, la situation au Tonkin s’est aggravée : les Pavillons Noirs, pirates chinois contrôlent le Fleuve Rouge et ont massacré le commandant Rivière et son détachement. Jules Ferry décide de réagir et le 14 décembre 1884, un ordre ministériel désigne la 11e batterie (capitaine Palle) et la 12e batterie (capitaine de Saxcé) pour faire partie du corps expéditionnaire du Tonkin, sous les ordres du chef d’escadron de Douvres. Les deux batteries, débarquent à Haïphong le 15 et le 17 février et sont organisées en batteries de montagne, dotées de canon de 80 mm. La 11e batterie fait partie de la 1ère brigade (général Brère de l’Isle), à Hanoï, et la 12e de la 2e brigade (général de Négrier) à Haï-Duong.
Le 7 mars, les deux brigades se met en marche vers Bac-Ninh. La 1ère brigade progresse péniblement dans les rizières et les marécages, jusqu’au village de Chu. La 11e batterie se met en position et ouvre le feu sur les ennemis, d’abord à 2850 mètres, puis se rapproche pour accompagner l’infanterie, en traversant plusieurs centaines de mètres de rizière avant d’atteindre une position plus ferme pour reprendre son tir. La 2e brigade remonte le Song-Thuong en jonques jusqu’à Phu-Lang. Après avoir franchi au pris de grands efforts deux cols du massif de Cau-Trau, la 12e batterie reprend la route et ouvre le feu contre le fort de Naou et le fort de Do-Son contraignant au repli l’ennemi qu’elle poursuit de ses tirs. Le 12 mars, la batterie se met en route vers Kiem. Marchant avec l’avant-garde de la brigade, elle participe à la prise du village de Lang-Ruoï, puis ouvre le feu contre le fort de Dap-Cau et les ponts sur le Song-Cau, pour permettre l’assaut du détachement de la Légion Etrangère et empêcher la fuite des Chinois. Le fort pris, la batterie se déploie face à Bac-Ninh pour appuyer les légionnaires qui s’emparent de la localité. Du 15 au 17, la batterie fait partie de la colonne chargée de poursuivre les Chinois en fuite jusqu’au fort de Lang-Kep. Le 25 mars, après avoir capturé quatre canons de montagne système Krupp et plusieurs fusils, elle rejoint à Hanoï la 11e batterie. Le capitaine Palle et le capitaine de Saxcé sont cités à l’ordre du corps expéditionnaire pour leur remarquable courage.
Le 27 mars, les deux batteries doivent mettre sur pied deux détachements (un lieutenant, six gradés, cinquante canonniers) destinés à servir deux batteries de 80 mm de campagne. Le lieutenant Largouët de la 12e batterie est détaché auprès de la batterie de campagne n°1 commandée par le capitaine Rumeau, et le lieutenant Naud de la 11e batterie est détaché auprès de la batterie de campagne n°2 commandée par le capitaine Carton.
La 1ère brigade, avec la 11e (capitaine Palle) et la 12e batterie (lieutenant Renault) arrive le 7 mai à Sontay et retrouve la batterie de campagne n°2 (capitaine Carton). Le 10, après deux journées de marche difficiles (les pièces de campagne sont tirées par des mulets pour lesquels on a du adapter des bats de fortune avec des harnachements de chevaux), la colonne atteint la rivière Noire. La 11e batterie ouvre le feu contre les Pavillons Noirs et s’empare du village de Lâ-Thuong, appuyée par la 12e batterie. La batterie de campagne n°2 prend à partie les ouvrages chinois édifiés au sud de Hong-Hoa. Le 11, les avant-postes de la brigade sont harcelés par des tirs. La 2e brigade, qui remontant le fleuve Rouge en jonques a été ralentie par la baisse des eaux, arrive en vue de Hong-Hoa, que la batterie de campagne n°1, renforcée d’une batterie de 95 mm, canonne durant plusieurs heures, conjointement avec la batterie de campagne n°2. Le 12, la 2e brigade s’empare sans difficulté de Hong-Hoa, pendant que la 1ère brigade, après avoir franchi la rivière Noire dans des conditions pour le moins épiques, poursuit sa progression à travers la montagne, élargissant à la pioche des ornières pour en faire des sentiers. Le général Brière de l’Isle, fait renvoyer sur Hanoï les deux batteries de campagne qui sont dissoutes le 19 mars, les 11e et 12e batteries ne revenant que plusieurs jours plus tard, pour goûter un repos d’autant plus mérité que la fièvre typhoïde commence son œuvre sur les organismes fatigués.
Cinquante-deux conducteurs de la 11e batterie et quatre-vingt-deux de la 12e batterie sont désignés pour conduire les mulets de la colonne Dugenne qui le 13 juin quitte Hanoï pour gagner Lang-Son. A partir du 14, les pluies diluviennes qui s’abattent ralentissent la progression du convoi, obligé de s’arrêter fréquemment et de recourir aux pontonniers pour franchir les arroyos en crue. En une semaine moins de trente kilomètres sont franchis. Le 23, l’avant-garde est prise sous le feu des pirates chinois. Le 24, constatant qu’il est sur le point être encerclé, le lieutenant-colonel Dugenne décide de replier sa colonne vers Bac-Le. Au même moment, le chef d’escadron de Douvres fait embarquer sur un vapeur les 11e (capitaine Delestrac) et 12e batteries (capitaine de Saxcé), qui affectées par la maladie ne peuvent aligner qu’une cinquantaine d’hommes et quatre chacune, et remonte le canal des Rapides pour se porte au secours de la colonne Dugenne. La navigation devenant impossible, les batteries débarquent et se mettent en marche, les canonniers poussant eux-mêmes leurs pièces en l’absence de mulets. Dans la soirée ils peuvent récupérer les mulets de la colonne Dugenne en repli, et dès le lendemain, ils reprennent la route. La 12e batterie se met en position à Lang-Kep et la 11e batterie se porte à Cau-Son. Sous la protection des batteries, la colonne Dugenne peut se replier.
Le 7 août, la 11e batterie embarque sur un vapeur pour se rendre à Hué. Le 17, un détachement de la batterie aux ordres du lieutenant Naud participe à la cérémonie de couronnement du roi d’Annam.
Le 21 septembre, la section du lieutenant Naud embarque pour participer aux opérations de l’île de Formose. Le 7 octobre elle occupe le fort de Tamsui. Le 28, fortement réduite par les maladies (le lieutenant Naud, évacué le 21 meurt sur le bateau qui le ramène en France), la section assure le service d’un blockhaus. Attaquée le 2 novembre par plusieurs centaines de Chinois, elle défend son poste avec un héroïsme qui valent aux maréchaux-des-logis Peyrolle et de Lamaze être proposés pour le grade de sous-lieutenant et à trois canonniers de recevoir la Médaille Militaire. La section est encore engagée dans plusieurs combats avant de rejoindre la batterie en juillet 1885.
Le 2 octobre, une section de la 12e batterie (lieutenant Largouët) est détachée auprès de la colonne Donnier qui embarque à Dap-Cau et remonte le Loc-Nam jusqu’à Lam, où le débarquement est accueilli par un feu nourri des Chinois. Les canonniers les repoussent et durant les jours suivants ouvrent le feu sur plusieurs fortins chinois. Reprenant sa progression, la colonne atteint Chû et la section se met en place sur un mamelon d’où elle bat les abords du fort. La 11e batterie, après quatre jours de marche dans les rizières, rejoint la colonne Donnier le 9.
Le 7, le reste de la 12e batterie avait été envoyé en reconnaissance sur Boa-Loc, où elle repousse une attaque chinoise. Le 8, la batterie après plusieurs heures de marche, ouvre le feu sur les positions chinoises de Kep, permettant à l’infanterie de prendre d’assaut les fortins. Les canonniers et les conducteurs sont obligés de défendre leur pièces au mousqueton contre les attaques ennemies qui tentent de s’emparer des canons. Le capitaine de Saxcé et plusieurs de ses sous-officiers sont cités à l’ordre de l’Armée pour leur comportement admirable dans ce combat.
Le 10 le lieutenant-colonel Donnier lance des reconnaissances vers Chû, auxquelles participent la section Largouët et la 11e batterie. Les Chinois tentent à plusieurs reprises de contre-attaquer en contournant nos positions, mais la section Largouët fait échouer ces tentatives. Le 12, la 12e batterie rejoint à son tour le lieu des combats et participe aux derniers échanges de coups de feu, les Chinois abandonnant le terrain comme le démontrent les reconnaissances effectuées le 14. Pendant que la 11e batterie reste sur place pour organiser la défense de la position, la 12e batterie rentre sur Hanoï.
Désignées pour faire partie de la colonne du général de Négrier qui doit marcher sur Lang Son, les deux batteries se rassemblent à Chû, d’où la colonne se met en marche le 3 janvier 1885. Au nord de Phong-Cot, les avant-gardes du général de Négrier repèrent plusieurs milliers de Chinois, contre lesquels le combat s’engage, principalement par un duel d’artillerie. Mis en déroute par les tirs de notre artillerie et par l’assaut des fantassins, les Chinois sont contraints de se replier vers Nui-Bop, laissant le terrain à nos troupes. Le 14 janvier , la colonne rejoint Chû pour se remettre en condition avant de reprendre la route vers Lang-Son le 3 février. La progression est très pénible, aux difficultés du terrain (rizières, arroyos en crue) s’ajoutant les nombreux combats. Le 4, la 11e batterie doit bombarder le fort de Tay-Hoa qui ralentit la progression de l’infanterie, le 5 les deux batteries font tomber le fort de Hao-Ha, le 6 les deux batteries appuient l’infanterie qui s’empare du fort de Dong-Song, le 9 la section Largouët met en déroute une attaque chinois à Deo-Quao, le 11 les batteries s’emparent de Pho-Vi et le 12 du fort de Bac-Viaï qui contrôle l’accès à Lang-Son. Le 13, Lang-Son est enlevée sans difficulté. Le 16, la 11e batterie marche avec la 1ère brigade au secours de Tuyen-Quan, harcelé par les Chinois. Le 2 mars la brigade engage le combat La batterie tire sans relâche pendant deux jours pour permettre aux tirailleurs tonkinois de dégager le village. Le 22 février, la 2e brigade se lance à la poursuite des Chinois. Le 23, la 12e batterie, qui marche avec l’avant-garde, se met en position, appuie la prise de Dong-Dang et se remet en marche vers la frontière. Après avoir détruit la porte de Chine le 25, la brigade retourne à Lang-Son. Les contre-attaques chinoises imposent à plusieurs reprises à la brigade de lancer des opérations de secours vers les petites garnisons assiégées : le 23 mars à Dong-Dang, le 24 à Bang-Bo, le 28 à Ki-Lua.
A partie d’avril 1885, les deux batteries sont engagées dans les expéditions contre les pirates chinois :
- le 27 avril, un détachement de la 11e batterie (sous-lieutenant Thomas) contre les pirates de Sontay,
- le 10 et 11 octobre une section de la 12e batterie (sous-lieutenant Patout) contre les pirates de Noc-Cut,
- le 26 et 27 octobre, la 11e batterie contre les pirates de Than-Mai,
- en décembre, la 12e batterie contre les pirates de Song-Calo,
- en février 1886, une section de la 11e batterie (lieutenant Raffaëli) contre les pirates de Thuan-Quan.
En avril 1886, les deux batteries sont réunies à Sontay. Après avoir reversé leur matériels et leurs mulets, les deux batteries embarquent pour la France le 8 et 9 mai. A leur arrivée à Vincennes le 4 juillet, la ville a organisé une grande fête pour célébrer le retour de ses artilleurs.
Le colonel Brugère
Henri-Joseph Brugère est né le 27 juin 1841, à Uzerche (Creuse). Entré en 1859 à l’Ecole Polytechnique, il choisit de servir dans l’Artillerie. En juin 1870, il est nommé capitaine au 18e Régiment d’artillerie, avec lequel il part au combat. Il s’illustre aux combats de Rezonville et de Servigny avec le 15e Régiment d’artillerie. Fait prisonnier par les Prussiens, il parvient à s’évader pour rejoindre le 26e Corps d’armée de l’Armée de la Loire, avec laquelle il reprend les combats. Promu chef d’escadron au feu, il conserve ce grade après-guerre. Major du 30e Régiment d’artillerie en garnison à Orléans, puis chef d’état-major de l’artillerie du 5e Corps, son intelligence est remarquée, et grâce à ses relations il est affecté au cabinet militaire du Président de la République. Son ascension est ensuite très rapide : en 1882, il est colonel et prend le commandement du 12e Régiment d’artillerie à Vincennes. En 1887, il est nommé généralde brigade et devient chef de la mission militaire du Président de laRépublique et secrétaire général de la Présidence. En 1890, il est nommé général de division, ce qui provoque quelques remous dans la presse et à la Chambre, où l’opposition s’étonne de la rapidité de cet avancement. En 1897, il prend le commandement du 2e Corps d’armée et est nommé membre du Conseil Supérieur de la Guerre. De 1899 à 1904, il exerce la fonction de Gouverneur militaire de Paris, mais brouillé avec le général André, ministre de la Guerre, il est relevé de cette fonction mais conserve son poste au Conseil Supérieur de la Guerre, dont il est vice-président. En 1906, il est placé en section de réserve. En 1914, il est rappelé comme commandant d’un groupe de divisions territoriales. Il meurt à Grenoble le 1er septembre 1918.
Le général Brugère est Grand Croix de la Légion d’Honneur, Officier de l’Instruction Publique et titulaire de la Médaille coloniale, de la Médaille Militaire et de la Médaille commémorative de 1870-1871.
EN FRANCE
Le colonel Brugère est promu général de brigade et est désigné pour prendre les fonctions de chef de mission militaire du Président de la République et secrétaire général de la Présidence. Le colonel Bonnefond le remplace à la tête du Régiment le 13 janvier 1887.
Le 3 avril 1888, une décision ministérielle réorganise le Régiment :
La 9e batterie devient 6e batterie du 24e Régiment d’artillerie
La 6e batterie du 31e Régiment d’artillerie devient 10e batterie du 12e.
La 6e batterie du 24e Régiment d’artillerie devient 9e batterie du 12e.
Le régiment est organisé en quatre Groupes de trois batteries, ce qui correspond à six batteries par division d’infanterie.
Le 1er janvier 1889, une loi modifie les lois du 13 mars 1875 et du 24 juillet 1884 sur l’organisation de l’artillerie. Ces lois prévoyaient que les batteries stationnées en Algérie appartenaient à des régiments différents. Cette situation jugée peu cohérente est changée. Le 12e se voit donc rattacher sept batteries d’Algérie, en plus de la 2e batterie bis déjà présente à Oran. Le 12e administre donc quatre groupes de trois batteries en métropole et huit batteries autonomes en Algérie.
La 2e batterie bis du 12e Régiment d’artillerie devient 13e batterie
La 2e batterie du 28e Régiment d’artillerie montée devient 14e batterie
La 1ère batterie de montagne du 7e Régiment d’artillerie devient 15e batterie
La 2e batterie de montagne du 12e Régiment d’artillerie devient 16e batterie
La 2e batterie de montagne du 18e Régiment d’artillerie devient 17e batterie
La 3e batterie de montagne du 30e Régiment d’artillerie devient 18e batterie
La 2e batterie à pied du 20e Régiment d’artillerie devient 19e batterie
La 1ère batterie du 3e Régiment d’artillerie devient 20e batterie.
Organisation du Régiment au 1er juillet 1889
ETAT-MAJOR
colonel Reibell
lieutenant-colonel Peigné
chef d’escadron Grandjean
chef d’escadron Le Marchand
chef d’escadron Jourdy
chef d’escadron Lambert
major Herment
capitaine Méry, instructeur d’équitation
capitaine en 2e Cognon, trésorier
capitaine Herrard, officier d’habillement
sous-lieutenant Lapierre, trésorier adjoint
médecin-major Huchard
BATTERIES
1ère batterie capitaine Bosch
2e batterie capitaine Schlégel
3e batterie capitaine Beauret
4e batterie capitaine Debeaux
5e batterie capitaine Faure
6e batterie capitaine Ghins
7e batterie capitaine Warnet
8e batterie capitaine Barnole
9e batterie capitaine Chastanet
10e batterie capitaine Leblond
11e batterie capitaine Maisonneuve-Lacoste
12e batterie capitaine Legrand
13e batterie capitaine Girard
14e batterie capitaine Harot
15e batterie capitaine Neuiller-Noguéra
16e batterie capitaine Gruesse
17e batterie capitaine Bernard
18e batterie capitaine Dufour
19e batterie capitaine Chays
20e batterie capitaine Mary
D’octobre à juillet 1897, un grand nombre d’officiers et de sous-officiers participent au camp de Mourmelon à l’instruction sur le nouveau canon de 75 mm modèle 97 qui doit équiper l’artillerie française.
Les manœuvres avec l’infanterie et les écoles à feu se poursuivent, rythmant une vie de garnison assez monotone malgré la proximité de la capitale.
Les principales activités du 12e sont celles de ses batteries d’Algérie.
La 13e (montée) et la 19e (à pied) sont stationnées à Oran, la 15e batterie (de montagne) à Tlemcen et la 16e (de montagne ) à Géryville. En 1899, la 19e batterie est versée au 11e Bataillon d’artillerie à pied, les trois autres batteries formant un groupe de batteries montées, chacune devant monter une section de montagne équipé du canon de montagne de 80 mm système de Bange. Jusqu’en 1906, les batteries alternent pour fournir une section de montagne aux postes de Aïn-Sefra, Djenane-Ed-Dar et Tarhit qui contrôlent la route de Beni-Abbes. En mars 1907, la situation politique se dégrade au Maroc, des troubles éclatent, entraînant la déposition du sultan et des massacres de colons à Marrakech. Le général Lyautey, commandant le secteur d’Aïn-Sefra fait franchir la frontière à ses troupes, auxquelles les 15e et 16e batteries sont jointes. En août, après les émeutes de Casablanca, au cours desquelles plusieurs colons sont massacrés, les 14e et 17e batteries participent aux opérations de maintien de l’ordre en ville. Les 13e et 15e batteries sont engagées aux coté des troupes qui vont combattre le soulèvement des Béni-Snassen. En 1908, la 15e batterie est envoyée à Casablanca, la 18e dans le sud-oranais et la 17e à Alger. En 1910, les batteries d’Algérie sont détachées du 12e, celles de la division d’Alger formant le 1er Groupe d’artillerie de campagne d’Afrique (1er G.A.C.A.), celles de la division d’Oran le 2e Groupe d’artillerie de campagne d’Afrique (2e G.A.C.A.).
Le Régiment est réorganisé sur le modèle du régiment d’artillerie divisionnaire à trois groupes de trois batteries de canons de 75 et un groupe de trois batteries de 155.
En 1913, il est désigné pour former l’artillerie de la 43e division d’infanterie, nouvellement créée et déployée près de la frontière, entre Saint-Dié et Epinal.
En octobre 1913, le Ier Groupe quitte Vincennes pour Bruyères, imité en avril 1914 par l’état-major et les deux autre groupes. Fin juillet, l’état-major et deux groupes (I/12 et II/12) sont stationnés à Bruyères, le troisième groupe (III/12) tenant garnison à Saint-Dié, où se trouve l’état-major de la 43e Division d’Infanterie, appelée à jouer un rôle important dans le dispositif de couverture, en cas de mobilisation. Pendant des semaines les exercices et les manoeuvres se multiplient, le travail portant notamment sur l’amélioration des liaisons entre l’artillerie et les armes appuyées, particulièrement l’infanterie, et sur la connaissance des Vosges qui en cas de conflit sera le premier champ de bataille de la Division.