L'Afrique du Nord de 1955 à 1962

Le 25 août 1955, la 4e D.I.M., désignée pour participer aux opérations de maintien de l’ordre dans les départements d’Algérie, place ses unités en alerte, avec délai de mise sur pied de cinq jours. Le IV/12, en manœuvre depuis le 23 août au Camp de Stetten, regagne Villingen le jour même et revers ses matériels de 155, pour adopter comme le I/12 une structure allégée : trois batteries de quatre 105 HM2 et une B.C.S., transformable en unité d’infanterie pour le maintien de l’ordre.

Le 29 un dépôt commun est constitué pour les deux Groupes, aux ordres du chef d’escadron Peffaut de Latour, du IV/12.

 

Le I/12, aux ordres du chef d’escadron Nalet, quitte Villingen les 3 et 4 septembre pour embarquer à Marseille, le 6 sur le « Ferdinand de Lesseps » et le 7 sur le « Ville d’Alger ». Il débarque le 8 à Oran, où il perçoit ses 105 HM2, avant de gagner Sainte-Barbe de Tlélat et Saint-Denis du Sig.

 

commandant de Groupe : chef d’escadron Nalet

 

adjoint : chef d’escadron Tschirret

 

B.C.S. : capitaine Gauthier

 

1ère batterie : lieutenant Schmitz

 

2e batterie : lieutenant Houin

 

3e batterie : lieutenant Weymulller

 

Le IV/12 quitte Villingen le 5 septembre. Le 8, les matériels sont chargés à bord du « Colomb-Béchar » et le 9 les personnels embarquent à bord du « Lecomte de Lisle ». Le 11, la batterie débarque à Oran, d’où elle gagne Perregaux. La B.C.S. et la 11e batterie demeurent sur place, la 10e batterie s’implante à Ferme Blanche et la 12e batterie à Sahouria.

 

commandant de Groupe : lieutenant-colonel de Gallier de Saint-Sauveur

 

adjoint : capitaine Castagne

 

B.C.S. : capitaine Thomas

 

10e batterie : lieutenant Lyot

 

11e batterie : lieutenant Berlon

 

12e batterie : capitaine Chapuset

 

Le 23 octobre, les deux Groupes se dirigent vers le Maroc et s’installent dans la région d’Oujda :

le I/12 dans la région des mines de Tiouli et Oued-el-Heimer,

le IV/12 entre Genfouda et Jerada (P.C. et B.C.S. à Jerada, 10e batterie à Genfouda, 11e batterie à Berguent et Bou Arfa, 12e batterie à El Aïoun).

Il s’agit d’une mission de maintien de l’ordre, particulièrement orientée vers la protection des résidents français, au moment où la situation politique apparaît très confuse : exil de Mohammed V à Madagascar, intérim du sultan Ben Arafat, contesté par l’Istiqlal.

Les deux Groupes multiplient les patrouilles à pied, de jour comme de nuit, un silence diplomatique est imposé aux canons.

 

Le 16 décembre, les deux Groupes se déploient au nord-ouest d’Oujda, dans les Béni-Snassen :

Le I/12 se déploie dans le secteur de la Moulouya, proche de la frontière du Maroc espagnol et cantonne à Berkane, Mechra Homadi et Mechra Saf-Saf.

Le IV/12 s’installe à Taourirt (P.C et B.C.S.), Ferme Blanche (10e batterie), Taforalt (11e batterie) et El Aïoun (12e batterie).

Les missions confiées aux Groupes sont principalement des actions d’infanterie : patrouilles de contrôles des secteurs et des sous-secteurs, recherche de rebelles, embuscades.

 

Du 15 au 21 février, le IV/12, installé au Lycée Gouraud de Rabat, participe aux opérations de maintien de l’ordre en ville.

 

En mai et juin 1956, les deux Groupes sont engagés dans plusieurs opérations d’envergure :

- LUTECE, du 12 au 19 mai,

- HOMO, du 22 au 26 mai, ZOULOU du 5 au 9 juin

- PYGMEE du 21 au 25 juin.

 

Le 2 juillet, le IV/12 est regroupé au sud de Genfouda, et le 17, le I/12 regagne le secteur d’Oued-el-Heimer.

 

Peu après les rumeurs de retour vers l’Algérie sont confirmées : le 26 juillet le I/12 et le IV/12 quittent le Maroc.

- le I/12 prend en compte le secteur Ouillis - Lapasset - Cassaigne - Picard, au nord-est de Mostaganem, sur la cote,

- le IV/12 s’installe dans le secteur de Renault, à l’ouest d’Orléansville.

 

Le 15 septembre, un élément rebelle est repéré au sud-est de Cassaigne.

Le I/12, renforcé d’éléments du IVe Groupe, trois compagnies du 31e Groupement de Commandos Parachutistes et un escadron porté du 12e Régiment de Dragons, appuyés par l’aviation accrochent la bande de H.L.L.

Dans la nuit du 16 au 17, les rebelles sévèrement étrillés abandonnent le terrain, laissant derrière eux quarante tués et de nombreuses armes.

Les pertes sont lourdes aussi de notre coté : une quinzaine de blessés, dont six au I/12 (un officier, un sous-officier et quatre canonniers) et un au IV/12 (un officier), trois morts dont deux au I/12 (un officier et un canonnier).

 

Le 20 octobre, le I/12 est transféré dans le secteur de Tiaret, au sud-est de Mostaganem.

Les patrouilles et les embuscades se succèdent pour harceler les rebelles dans une de leur zone de passage.

Du 25 février au 14 mars le Groupe appuie de ses canons les opérations dans le secteur d’Aflou (trois cents kilomètres au sud de Tiaret) et Laghouat (sud d’Aflou).

 

Pendant ce temps, le IV/12 mène des opérations dans son secteur.

Fin août et début septembre, il participe à la mission d’assainissement de la plaine de Dhara.

De septembre à mars les batteries patrouillent à Picard, Ammi-Moussah, Relizane..

Le 12 février lors d’un accrochage dans le secteur de Zemmora, quinze H.L.L. sont tués et sept armes saisies.

A cette occasion le Groupe, délaissant quelques temps le combat à pied, a retrouvé l’usage de ses canons, avec une efficacité appréciée des fantassins.

Le Groupe agit parfois en renfort lors d’opérations d’envergure, souvent loin de son quartier : à Aflou du 1er au 14 décembre, à Tiaret du 5 au 8 février, à Perregaux (sud de Mostaganem) les 21 et 22 février.

Le 13 mars le Groupe quitte Renault pour Trumelet

Le P.C. du Groupe et la B.C.S. s’implantent à Trumelet, la 10e batterie à Diderot (quinze kilomètres au nord de Tiaret), la 11e batterie dans une ferme des environs de Trumelet et la 12e batterie à Waldeck-Rousseau( douze kilomètres au nord-est de Trumelet).

Le lieutenant-colonel Gallier de Saint-Sauveur, commandant le Groupe, est aussi commandant du secteur de Tiaret et du sous-secteur de l’Oued Riou. Le IV/12 reçoit une double mission dans ce secteur :

- maintien de l’ordre et pacification

- être en mesure de fournir deux batteries de 105 HM2 et un état-major de Groupe réduit au profit de l’infanterie dans les opérations de grande envergure.

 

Les batteries assurent ces missions par rotation. Dés la fin du mois de mars une section de la 12e batterie intervient avec succès au profit du 1er R.I.M.. Une batterie est détachée au profit du secteur d’Aflou à partir du 1er juin 1957.

 

Mines et embuscades sont le lot quotidien des patrouilles et des convois et le Groupe organise un réseau de guetteurs de piste recrutés parmi la population. Avec l’aide du Génie, il crée un réseau de routes entre Zaouïa et Kéria. Cette implication dans la vie locale permet de gagner la confiance des populations des Français Musulmans, qui n’hésitent plus à communiquer les renseignements sur les katibas du secteur. Ces missions de contrôle de zone pour routinières qu’elles puissent paraître, restent dangereuses.

Le 8 juillet, une patrouille d’ouverture de route de la 10e batterie tombe dans une embuscade entre le poste de Diderot et la S.A.S. de Tidda : un brigadier et quatre canonniers sont tués.

Le 24 août, lors d’une inspection, un officier de la batterie, le sous-lieutenant Moreau, est assassiné par un goumier de cette S.A.S. passé à la rébellion.

Au début de l’année 1958, le IV/12 ouvre les premières consultations de l’Aide Médicale Gratuite à Trumelet.

Quelques mois plus tard ouvre la première école.

Même si l’instruction continue, avec notamment des écoles à feu dans la région de Bakhada, les missions de pacification prennent peu à peu le pas sur les missions d’artillerie. Le Groupe monte une harka à cheval qui patrouille et nomadise dans le secteur. Il crée un stage d’accoutumance et d’entraînement, d’une durée de deux semaines, destiné aux personnels de relève et de renfort. Le poste de Waldeck-Rousseau passe donc régulièrement à un effectif de deux cents à trois cents hommes. La 12e batterie détache en permanence un peloton de pièce de 105 auprès du poste de Kéria (vingt-cinq kilomètres au nord de Waldeck-Rousseau) tenu par la 5e compagnie du 31e G.C.P., un groupe de combat renforcé à la Grande Zaouïa (vingt kilomètres au nord-est de Waldeck-Rousseau), un groupe de combat à El Aïoun (quinze kilomètres au nord-est de Waldeck-Rousseau) et un groupe de combat aux Ouled Abed (dix-sept kilomètres au nord-est de Waldeck-Rousseau). Chacun de ces postes, en plus de ses missions de sécurité (escortes, patrouilles, embuscades) assure le fonctionnement d’une classe d’alphabétisation. Le gros de la batterie assure l’escorte des tournées de la S.A.S., l’escorte des autorités en transit dans le secteur, l’accompagnement des patrouilles de gendarmes, les patrouille et les embuscades de harcèlement.

 

Les batteries du I/12 remplissent le même type de missions : maintien de l’ordre et pacification, par des patrouilles à pied, des embuscades, des escortes de convoi et les taches à caractère « social » (scolarisation, A;M.G., accompagnement des S.A.S.) ; et appui des fantassins lors des opérations : le 7 janvier 1958 à Nazereg, le 26 avril à Saïda, le 10 septembre à Douar Taffrent, le 4 octobre près d’Aïn Delfa. En février, le P.C., la 1ère et la 3e batteries rejoignent le secteur de Saïda, la 2e batterie continuant ses missions dans la zone de Frenda.

Le 25 janvier 1959, le commandement du secteur de Saïda est confié au colonel Bigeard.

Par rotation, les batteries sont détachées au profit de la 11e Division d’infanterie pour les opérations dans les secteurs d’Aflou, Géryville et Mécheria. Le reste du I/12, aux ordres du chef d’escadron Jouffroy depuis le 23 août, assure les missions de pacification du secteur, une batterie autour de Saïda, l’autre (la 2e batterie) autour de Frenda.

 

Le 20 juin 1959, suite à un remaniement du secteur de Tiaret, le sous-secteur de l’Oued Riou prend le nom de Quartier autonome du Tiguiguest, dont le lieutenant-colonel Faucher, remplacé le 5 juillet par le chef d’escadron Artus, prend le commandement.

La 1ère batterie du Ier Groupe du 403e Régiment d’artillerie devient 13e batterie du IV/12.

 

En juillet, le Groupe participe à l’opération JUMELLES dans l’Ouarsénis, un des berceau de la rébellion armée. L’opération menée par la 10e Division parachutiste et les unités de réserve générale dure une dizaine de jours et met en œuvre de grands moyens : parachutistes, légionnaires, commandos de chasse, hélicoptères, aviation d’appui et naturellement artillerie. Le Groupe met sur pied une batterie de six 105 HM2, dont l’intervention est particulièrement appréciée.

 

Le 14 août, le colonel Bigeard, averti par un renseignement qu’une katiba vient de franchir le barrage ouest au sud d’Aïn Sefra, déclenche l’opération Barrage Ouest. La 12e batterie, alertée en urgence, parcourt les cinq cents kilomètres qui séparent Waldeck-Rousseau d’Aïn Sefra, en ne faisant qu’une halte à Bou Ktoub, pour ravitailler et franchit les cents derniers kilomètres de nuit, tous feux éteints. Les canons sont finalement peu sollicités, les rebelles s’étant dispersés dans la nature.

 

Le Groupe continue sa mission de pacification, les batteries poussant leurs pions de plus en plus au nord de la zone. Les grands axes sont parfaitement contrôlés, et fin 1960 le IV/12 a étendu sa protection aux postes les plus reculés, créant chaque fois des écoles et des centres de soin. Les populations se regroupent pour constituer des villages d’autodéfense à Keria, aux Bouziannes, à Djerballah et aux Berkannes.

 

Le 20 février 1960, le I/12 est dissous et le IVe Groupe demeure le seul représentant du Régiment. Il reprend à son compte les missions de secteur du Ier Groupe et continue son travail, accrochant à plusieurs reprises les H.L.L.

En novembre, les 11e et 13e batteries sont détachées en renfort sur la zone frontalière entre Aïn Sefra et Mécheria. Les bilans deviennent chaque mois moins impressionnants : les katibas ont changé de secteur, si tant est qu’un secteur leur soit plus favorable.

Les régiments de secteur ont, à l’image du I/12 et du IV/12, accompli un admirable travail de pacification et gagné la bataille.

 

Le 1er février 1961, la 11e batterie est incorporée au Ier Groupe du 27e Régiment d’artillerie, dont elle devient la 4e batterie.

Le 23 février, les 12e et 13e batteries se déploient dans la région de Marnia pour appuyer de leurs canons les unités de surveillance du barrage Ouest. Un tir de la 11e batterie stoppe l’intrusion en force tentée par une bande rebelle.

En mai, les deux batteries changent de secteur pour s’installer dans le quartier Diderot.

En août elles sont détachées pour assurer le maintien de l’ordre à Tiaret et occasionnellement à Trezel.

 

Lorsqu’est signé le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, le Groupe que commande le chef d’escadron Turban depuis le 15 du mois, peut se flatter de contrôler parfaitement son secteur.

Le P.C. et la B.C.S. sont regroupés à Trumelet, la 10e batterie à Waldeck-Rousseau, la 11e batterie à Palat et la 12e batterie à Temda.

Le 3 juin, le Groupe est déployé dans la région de Mostaganem : Le P.C., la B.C.S. et la 11e batterie à Pelissier, la 10e batterie au quartier Colonieu de Mostaganem et le 12e batterie au terrain d’aviation de Khalifa.

Les unités sont chargées des opérations de maintien de l’ordre jusqu’au 1er juillet, date du référendum d’autodétermination.

Le IV/12 reverse l’essentiel de ses munitions de 105 mm.

 

PHOTOS SOUVENIR

En septembre 1962, le Groupe regagne Cherbourg, sa nouvelle garnison de métropole et devient le 1er octobre le 43e Groupe d’artillerie.