L'Ancien 12ème Régiment d'Artillerie

1834 à 1854


 

ORGANISATION DU 12e REGIMENT D’ARTILLERIE

 

 

 

L’ordonnance royale du 18 septembre 1833 crée plusieurs nouveaux régiments dont les 12e, 13e et 14e Régiments d’artillerie.

 

Le 9 mars 1834, le lieutenant-général Petit, commandant la 15e Division Militaire, assisté de M. Delatouche, sous-intendant militaire du département du Cher, procède à l’organisation du 12e Régiment d’artillerie, sur la place Séraucourt à Bourges, où se trouvent rassemblés les officiers, sous-officiers et canonniers destinés à former le nouveau régiment. Les troupes sont disposées sur la place selon l’ancienneté des capitaines commandant les
batteries :

 

                                                   - L'Etat-major

                                                   - Le Peloton hors-rang formé de quatorze canonniers des 2e, 3e, 6e et 9e Régiments d’artillerie

                                                   - 1ère batterie à cheval formée de l’ancienne 3e batterie à cheval du 6e Régiment

                                                   - 2e batterie à cheval formée de l’ancienne 3e batterie à cheval du 9e Régiment

                                                   - 3e batterie à cheval formée de l’ancienne 9e batterie à cheval du 3e Régiment

                                                   - 4e batterie montée formée de l’ancienne 8e batterie montée du 3e Régiment

                                                   - 5 e batterie montée formée de l’ancienne 8e batterie montée du 2e Régiment

                                                   - 6e batterie montée formée de l’ancienne 9e batterie montée du 2e Régiment

                                                   - 7e batterie montée formée de l’ancienne 9e batterie montée du 6e Régiment

                                                   - 8e batterie montée formée de l’ancienne 9e batterie montée du 9e Régiment

                                                   - 9e batterie montée formée de l’ancienne 15e batterie montée du 9e Régiment

                                                   - 10e batterie montée formée de l’ancienne 15e batterie montée du 6e Régiment

                                                   - 11e batterie montée formée de l’ancienne 15e batterie montée du 2e Régiment

                                                   - 12e batterie montée formée de l’ancienne 14e batterie montée du 3e Régiment

                                                   - le dépôt est formé par l’ancienne 16e batterie du 9e Régiment

 

Le lieutenant-général Petit passe les troupes en revue puis se plaçant au centre fait ouvrir le ban. Après une courte allocution, il déclare au nom du Roi, qu’à dater de ce jour les troupes ainsi assemblées forment le 12e Régiment d’artillerie. Il fait reconnaître le colonel Lyautey comme premier chef de corps puis tous les officiers supérieurs et enfin les autres officiers, conformément aux prescriptions de l’article 254 de l’ordonnance du 2 novembre 1833 sur le service intérieur de la cavalerie. Après la revue du régiment par appel nominal de tous les officiers, sous-officiers et brigadiers, le lieutenant-général Petit reçoit le serment individuel de tous les officiers, sous-officiers, brigadiers et canonniers prescrit par la loi du 31 août 1830 :

 

“ Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume. ”

 

Le 1er mai 1834, le Régiment reçoit son étendard des mains du lieutenant-général Petit.

 

 

Le contrôle nominatif par ancienneté des officiers du Régiment est le suivant :

 

 

ETAT-MAJOR

 

colonel Lyautey

 

lieutenant-colonel Gamiez

 

chef d’escadron Lamy

 

chef d’escadron Périolas

 

chef d’escadron Chaillet-Douzelot

 

chef d’escadron Chevanne

 

chef d’escadron Rivale

 

chef d’escadron Perchains

 

chirurgien-major Guérin

 

major Truffer

 

capitaine d’habillement Drifayer

 

capitaine trésorier Vuibert

 

capitaine adjudant-major Lambinet

 

lieutenant adjudant-major Massoulle

 

capitaine instructeur Viansson

 

aide-major Grossieux

 

aide-major Sancery


BATTERIES

 

1ère batterie:     capitaine Fournier, capitaine en premier, lieutenant en premier Huguenet, lieutenant en second Fourcheut-Montrond

 

2e batterie        capitaine Pierre de Valhausen capitaine en premier, lieutenant en premier Demongeot, lieutenant en second Bocave

 

3e batterie        capitaine Roy capitaine en premier, lieutenant en premier Boutinaud-Lagorce,

 

4e batterie        capitaine Réty capitaine en premier, lieutenant en premier Grimes, lieutenant en second Pays

 

5e batterie        capitaine Blanc capitaine en premier, lieutenant en premier Soleille, lieutenant en second Cautrez

 

6e batterie        capitaine Donnat capitaine en premier, lieutenant en premier Thérouanne, lieutenant en second Suzanne

 

7e batterie        capitaine Déroche capitaine en premier, lieutenant en premier Lothon, lieutenant en second Treuille de Beaulieu

 

8e batterie        capitaine Vivier capitaine en premier, lieutenant en premier Gachot,

 

9e batterie        capitaine Ferrary capitaine en premier, lieutenant en premier Seiller, lieutenant en second Carette

 

10e batterie    capitaine de Ligniville capitaine en premier, lieutenant en premier Leprince, lieutenant en second Rousset

 

11e batterie    capitaine Destouches capitaine en premier, lieutenant en premier Lepage, lieutenant en second Viriville

 

12e batterie    capitaine Danche capitaine en premier, lieutenant en premier Belvèze, lieutenant en second Gauthier

 

dépôt :         capitaine Laurent capitaine en premier, lieutenant en premier Collin, lieutenant en second Tanneur

 


 

 

LA VIE DE GARNISON ET LES PREMIERES CAMPAGNES

 

En avril 1836 le Régiment quitte Bourges pour tenir garnison à Besançon, en trois détachement : le premier (3e, 4e, 5e, 6e et 7e batteries) le 11 avril 1836, le deuxième (8e, 9e, 10e, 11e et 12e batteries) le 14 avril et le troisième (état-major, peloton hors-rang et dépôt) le 24 avril.

 

A l’été 1838, la 1ère et la 3e batteries sont mises sur le pied de guerre lors des tensions avec la Suisse, puis transférées à Lunéville et à Commercy en octobre et novembre au moment des affaires de Belgique et de Hollande. Elles rejoignent le reste du Régiment en juillet 1839, à Lyon, puisqu’un ordre du 26 avril 1839 impose un changement de garnison au 12e.

 

Une ordonnance royale du 15 novembre 1840 impose la création de batteries supplémentaires : les 12e et 13e  batteries sont constituées. Le colonel Lyautey nommé maréchal de camp est remplacé par le colonel Gellibert des Seguins qui prend son commandement le 9 janvier 1841.

 

En juillet 1842, le Régiment quitte Lyon pour Toulouse, puis à l’automne 1847 retrouve Bourges. En juin 1850, il s’installe à Strasbourg au quartier d’Austerlitz.

 

Cette vie de garnison ponctuée de déménagements à répétition et de manœuvres ne doit pas faire oublier que durant toute cette période le Régiment participe aux différentes campagnes de l’Armée française.

 


 

LES CAMPAGNES D’ALGERIE 1839-1854

 

Un ordre ministériel du 4 décembre 1839 prescrit au Régiment de tenir prête une batterie pour renforcer l’Armée d’Afrique. La 4e batterie est mise sur le pied de guerre, avec la structure suivante :

 

                                                                        capitaine Chabord, capitaine en premier

 

                                                                        capitaine Forgeot, capitaine en second

 

                                                                        lieutenant Bossu, lieutenant en premier

 

                                                                        lieutenant Potier, lieutenant en second

 

                                                                        adjudant Dupas, adjudant de batterie

 

                                                                       deux cent treize sous-officiers et soldats,

 

                                                                       quatre chevaux d’officiers et cent vingt cinq chevaux de troupe.

 

Elle se met en marche le 17 décembre et embarque à Marseille et Toulon les 3 et 5 janvier 1840. Débarquée à Alger les 11 et 12 janvier, elle transforme les 2e et 3e sections en sections de montagne équipées d’obusiers de montagne sur mulets. Le lieutenant Bossu reste à Alger avec la 1ère section et le reliquat des deux autres sections pour former la réserve de la batterie.

 

En mars, les deux sections, formant avec une batterie du 14e d’artillerie la réserve du corps expéditionnaire, participent aux opérations contre Cherchell. Le 26 avril la batterie est engagée dans l’expédition contre Médéah et ses obusiers contribuent fortement au succès du combat de l’Affroum le 27.

 


 

Le combat du col de Mouzaïa

 

Abd-el-Kader a entrepris de grands travaux sur le piton qui domine le col de Mouzaïa et y a amassé de nombreuse troupes. Le Maréchal Valée décide de donner l’assaut le 12 mai. L’artillerie française, installée sur le plateau du Figuier crible d’obus les fantassins de l’Emir, malgré les difficultés de cheminement des pièces dans le relief escarpé. Les fantassins français, pris sous le feu de l’ennemi, sont incapables de bouger. Après de longs efforts, les artilleurs parviennent à hisser leurs pièces sur un plateau et à prendre sous leur feu les Arabes qui sont obligés de battre en retraite.

 

Pendant les mois qui suivent les artilleurs de la 4e batterie ont encore l’occasion de s’illustrer, y compris dans les taches les plus obscures : colonnes de ravitaillement des postes isolés, expéditions en Ouarsénis, dans la région de Cherchell, dans les Ouled-Naïls et à Laghouat. Le 3 mai 1841, la section du lieutenant Potier attire l’éloge de tous après sa conduite remarquable au combat de Milianah : le lieutenant est cité à l’ordre de l’Armée ainsi que le maréchal des logis Batt, blessé à la poitrine. Le 17 octobre 1844, les obusiers décident de l’issue du combat contre les Kabyles à Tiféraa.

 

Le 25 février 1845, la 6e batterie est désignée pour relever la 4e batterie, qui rejoint Toulouse le 8 septembre 1845 après plus de cinq années d’opérations.

 

La 6e batterie débarque à Alger fin avril 1845. Les sections sont engagées des le mois de mai dans les différentes opérations que mène le corps expéditionnaire : Corso, Isser, Sébaou, Ticobaïm, Milianah, Djurdjura, contre les Beni-Menasser, les Beni-Zoug-Zoug, les Beni-Figrines, les Beni-Boudouanes, les Beni-Djaad, etc. Hormis deux expéditions dans le Djebel Amour et les Ouled-Naïls, les années 1847 et 1848 sont relativement calmes et permettent à la batterie de retrouver une vie de garnison. L’émir Abd-el-Kader s’est rendu, et les quelques dernières tribus rebelles qui subsistent se soumettent ou sont battues. L’année 1849 apporte un surcroît d’activité. La 1ère et la 4e sections participent aux opérations en Kabylie, où leur mobilité et la justesse de leurs tirs permettent de dégager les fantassins de plusieurs situations délicates, suscitant l’éloge. La 2e section (adjudant Guignard) est engagée dans l’expédition du général de Ladmirault dans le sud de Médéah. La 3e section (lieutenant Perrin) multiplie les expéditions : au début de l’année en Kabylie contre les Beni-Melikenches, en juillet contre les Beni-Zala et à Sameur, et en fin d’année à Zaatcha.

 


Expédition et siège de Zaatcha

 

Le village de Zaatcha est le foyer d’une insurrection animé par le marabout Bou-Ziam, qui prêche la Djihad, la guerre sainte, dans toute la région des oasis et dans les montagnes des Aurès. Le général Herbillon prend la tête d’une colonne qui arrive le 7 octobre devant Zaatcha qui aussitôt subit un siège en règle : les artilleurs des 11e, 12e (3e section de la 6e batterie, lieutenant Perrin) et 13e Régiments d’artillerie installent leurs positions de batterie devant les murs du village. Le 13, les tirs commencent pour ouvrir des brèches dans les murailles., mais les artilleurs doivent repousser, aux cotés des légionnaires, des chasseurs et des tirailleurs, une sortie des rebelles. Le 20, les brèches étant jugée suffisantes, l’assaut est décidé. L’aile gauche (Légion Etrangère) est repoussée par de violents tirs, pendant que l’aile droite est immobilisée dans un fossé rempli d’eau. Cet échec se solde par plus de trente morts et près de cent quarante blessés.

 

Le 24 novembre à onze heures, les Arabes profitent d’une relève pour lancer une habile attaque contre les positions françaises, capturant un chasseur du 8e bataillon. Les artilleurs sont obligés de défendre leurs obusiers de montagne au corps à corps en attendant le renfort des chasseurs et des tirailleurs.

 

Le général Herbillon décide l’attaque pour le 26. La section de montagne du lieutenant Perrin est placée sous les ordres du colonel Canrobert qui commande la colonne de droite. Les Zouaves forment l’avant-garde de la colonne et sont décimés. Rien ne les arrête cependant et les deux derniers Zouaves survivants parviennent à hisser le drapeau français sur une des terrasses de la ville. Les maisons doivent être prises une à une. Le marabout Bou-Ziam s’est retranché avec un carré de fanatiques dans une maison qu’il faut abattre au canon. A deux reprises les canonniers du lieutenant Perrin tentent d’approcher pour ouvrir le feu. La troisième tentative est couronnées de succès : un canonnier parvient à s’approcher et à faire sauter la maison.

 

Le maréchal des logis Rapegache et le canonnier Gascon succombent à leur blessures et sont cités à l’ordre du corps expéditionnaire, ainsi que le lieutenant Perrin, dont la section a fait honneur au régiment comme en témoigne l’inscription du fait d’arme sur l’étendard.

 

La 6e  batterie quitte Alger pour la France le 8 mars 1851. Elle est relevée par la 7e batterie du capitaine Danié qui débarque à Alger le 9 février. Durant trois années la batterie alterne opérations militaires et travaux de construction : après le temps de la pacification vient le temps de la mise en valeur du territoire. Ainsi la 3e section du lieutenant Corvisier, après l’expédition du général Paté dans l’Oued-Sahel, participe à la construction de la route du Bordj-Menaïel au Boudouaou durant l’été 1852.

 

Un décret impérial du 14 février 1854 réorganise le corps de l’artillerie. Les régiments doivent être réorganisés sur un modèle homogène, constitués soit de batteries à pied, soit de batteries montées, soit de batteries à cheval. La conséquence de cette réorganisation est la dislocation des batteries et la dissolution des régiments, la continuité avec le passé n’étant assuré que par les numéros. C’est par ce procédé que les traditions de Mouzaïa et Zaatcha restent attachées au 12e Régiment d’artillerie.

 

Le 12e Régiment d’artillerie est dissous le 16 mars à Strasbourg, l’état-major, le peloton hors-rang et cinq batteries formant l’ossature du 4èmeRégiment d’artillerie.