La Guerre de 1870

Après l’affaire des duchés danois en 1864, la victoire prussienne de Sadowa sur l’Autriche le 3 juillet 1866 exacerbe la rivalité entre la France et la Prusse. La politique des “ pourboires ” selon l’expression du chancelier Bismarck, qui consiste à assurer des compensations territoriales à la France sur la rive gauche du Rhin, au Luxembourg et en Belgique suscite la méfiance de l’opinion française. Le chancelier prussien a constitué autour de la Prusse une “ Confédération d’Allemagne du Nord ” et souhaite édifier une grande Allemagne de la Baltique à l’Adriatique, mais, conscient que la France de Napoléon III ne consentira pas au rattachement des Etats du sud sous la tutelle prussienne, juge inévitable une confrontation armée. L’affaire de la succession d’Espagne lui offre une excellente occasion de tendre à la France une embûche diplomatique.

 

Une révolution a chassé en 1868 le roi d’Espagne, laissant un trône à pourvoir. En juillet 1870, le gouvernement provisoire de Madrid offre la candidature au trône au prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, apparenté à Napoléon Ier, mais aussi et surtout prussien et cousin du roi de Prusse, qui, sur les conseils de Bismarck, accepte. L’émotion est naturellement très forte en France, qui sent se resserrer la tenaille prussienne. Le 13 juillet, Napoléon III demande au Roi de Prusse de donner l’assurance écrite qu’il ne soutiendra pas cette candidature. Guillaume Ier refuse de signer un tel engagement mais accepte de faire renoncer son cousin au trône d’Espagne. Bismarck, sentant que ce qu’il pressentait comme une excellente occasion d’inciter la France à déclarer la guerre est sur le point d’aboutir à une solution pacifique, manipule la fameuse “ dépêche d’Ems ” en tronquant le contenu qu’il communique à la presse européenne, sachant qu’il s’agit désormais d’un texte offensant pour Napoléon III et son gouvernement. Le résultat ne se fait pas attendre : le 15 juillet, le Corps Législatif, qui refuse depuis plusieurs semaines d’adopter les projets de réforme de la Défense Nationale proposés par le général Niel (notamment la modernisation de l’artillerie et la généralisation du service militaire), vote les crédits de mobilisation. Le 19 juillet, la déclaration de guerre française parvient à Berlin. Le reste de l’Europe, hormis les Etats d’Allemagne du sud qui se joignent à la Prusse, adopte une neutralité attentiste, refusant de se laisser entraîner dans une guerre.

 

Dès le 18 juillet, le Régiment est mis sur le pied de guerre :

 

les 1ère et 2e batteries sont dédoublées, donnant naissance aux 1ère et 2e batteries bis, et affectées à la défense de Belfort.

 

les 3e et 4e batteries sont organisées en batteries montées et rattachées à la réserve d’artillerie du XIIIe Corps, en formation à Paris.

 

les 5e, 6e et 9e batteries sont affectées à la 3e division, les 7e, 10e et 11e batteries à la 4e Division du Ier Corps de l’Armée du Rhin.

 

les 8e et 12e batteries sont rattachées à la réserve d’artillerie du VIIe Corps de l’Armée du Rhin.

 

Un décret impérial du 17 août prévoit la création de batteries de marche dans chaque régiment, en fonction des besoin. Le 12e compte donc une vingtaine de batteries de marche au cours e la guerre, portant à trente-deux le nombre total de batteries au régiment. Le dépôt du régiment, d’abord implanté à Besançon, est transféré à Lyon puis à Toulouse, où furent crées par la suite toutes les nouvelles batteries.

 

 

 

L’ARMÉE DU RHIN

 

 

 

L’Armée du Rhin comprend huit corps d’armée et une réserve de cavalerie :

 

Ier Corps                 maréchal de Mac-Mahon

 

artillerie de la 3e Division

 

- 5e batterie            capitaine Ferreux, canons de 4 rayé de campagne

 

- 6e batterie            capitaine Desruol, canons de 4 rayé de campagne

 

- 9e batterie            capitaine Wohlfrom, canons à balles de Reffye

 

artillerie de la 4e Division

 

- 7e batterie            capitaine Soubrat, canons de 4 rayé de campagne

 

- 11e batterie            capitaine Ducasse, canons de 4 rayé de campagne

 

- 10e batterie            capitaine Zimmer, canons à balles de Reffye

 

IIe Corps                général Frossard

 

IIIe Corps                maréchal Bazaine

 

IVe Corps                général de Ladmirault

 

Ve Corps                général de Failly

 

VIe Corps                maréchal Canrobert

 

VIIe Corps                général Douai (Félix)

 

réserve d’artillerie :

 

- 8e batterie            capitaine Matheu, canons de 4 rayé de campagne

 

- 12e batterie            capitaine Denef, canons de 12 rayé de campagne

 

Garde                général Bourbaki

 

 

 

La bataille de Froeschwiller

 

 

Au début du mois d’août, le Ier Corps, chargé de rétablir la liaison avec le Ve Corps, placé à Bitche, se regroupe à Haguenau, hormis la 2e Division du général Abel Douai, qui est détachée au nord, autour de Wissembourg. Le 4, arrivant à Haguenau, le maréchal de Mac-Mahon apprend que la Division Douai, après des combats héroïques, vient d’être battue, et que le prince royal de Prusse Frédéric Guillaume s’avance vers Woerth et Gunstett.

 

Le 5, face aux 100.000 hommes de la IIIe armée de Frédéric Guillaume, Mac-Mahon dispose ses 43.000 hommes :

 

- à l’aile gauche, entre Reichschoffen et Froeschwilller, la 1ère Division (général Ducrot),

 

- au centre, entre Froeschwiller et Elsasshaussen, la 3e Division (général Raoult),

 

- à l’aile droite, entre Eberbach et Morsbronn, la 4e Division (général de Lartigue),

 

- en deuxième ligne, la 1e Division du VIIe Corps (général Conseil-Dumesnil), arrivée à l’aube par voie ferrée, et le reliquat de la 2e Division.

 

Mac-Mahon veut encore mettre à profit la journée du 6 pour acheminer des renforts, mais les événements le prennent de vitesse. Dès l’aube, les accrochages et les escarmouches se multiplient entre les patrouilles des deux camps. Le Ve Corps allemand (général von Kirchbach), qui doit former la réserve du prince royal, fait ouvrir le feu, précipitant la décision allemande d’engager le combat.

 

Nos batteries entrent en action, infligeant de lourdes pertes aux Allemands qui tentent de déborder les positions françaises. Vers midi, Woerth tombe aux mains du général von Kirchbach. Poursuivant leur progression, le Ve et le XIe Corps allemands prennent Froeschwilller vers 15 heures, malgré le sacrifice de plusieurs régiments de Cuirassiers qui chargent pour briser l’attaque allemande, et l’abnégation des artilleurs des 10e et 11e batteries, qui pris sous le feu de l’artillerie prussienne, continuent de servir leurs pièces, ralentissant à plusieurs reprises les percées allemandes.

 

Notre artillerie, muselée par une artillerie allemande plus puissante et plus nombreuse, est finalement contrainte de quitter le champ de bataille, sévèrement éprouvée. Le Ier Corps, battu, doit battre en retraite par Reichschoffen, Niederbronn, Phalsbourg, Sarrebourg puis finalement Châlons, où il doit être réorganisé. Il laisse derrière lui près de 10.000 morts et 6.000 prisonniers.

 

Le VIIe Corps, après quelques pointes poussées en direction de Mulhouse et Montbéliard, est lui aussi dirigé vers le camp de Châlons.

 

 

L’ARMÉE DE CHALONS

 

 

 

Les trois corps en retraite, Ier, Ve et VIIe, auxquels s’ajoutent deux divisions de cavalerie, forment l’Armée de Châlons, dont le maréchal de Mac-Mahon prend la tête. Cette armée se met en marche le 21 août vers le nord-est, pour tendre la main au maréchal Bazaine, qui encerclé dans Metz, annonce son intention de se porter sur Sedan. Mais ses projets, dévoilés dans la presse, permettent aux Allemands ainsi informés, de détourner les deux armées en marche vers Paris pour les diriger vers Sedan. Le 31, l’Armée de Châlons est aux portes de Sedan, ignorant que deux armées ennemies sont sur ses talons, sur le point de l’encercler.

 

 

 

La bataille de Sedan

 

 

Le 1er septembre, à l’aube, un corps bavarois attaque Bazeilles, puis l’artillerie ennemie déclenche ses feux sur nos troupes. Les trois batteries de la 4e Division (7e, 10e et 11e batteries) et la 8e batterie, donnée en renforcement par le VIIe Corps, sont placées sous le commandement du lieutenant-colonel Clouzet, qui les dispose de façon à couvrir le front du Ier Corps.

 

La 7e batterie commandée par le capitaine en 2e Trône, remplaçant le capitaine Soubrat, blessé et fait prisonnier à Froeschwiller, prend position sur les hauteurs de Givonne, qu’elle doit quitter rapidement, prise à partie par l’infanterie ennemie. Revenant vers le centre du dispositif pour contrer le tir des batteries allemandes, elle tire une grande quantité de projectiles, avant être obligée d’abandonner sa position pour se replier sur Sedan, où elle tire ses derniers coups contre l’infanterie bavaroise.

 

La 10e batterie occupe une position sur les hauteurs de Daigny d’où elle prend à partie l’infanterie prussienne embusquée dans le village. Obligée de se retirer en laissant plusieurs pièces sur le terrain faute de chevaux en nombre suffisant, elle est acculée dans le village de Givonne, occupé par les Prussiens, où elle se rend à un ennemi supérieur en nombre. La 11e batterie, après avoir défendu Sedan pendant plusieurs heures, subit le même sort.

 

La 8e batterie, en position sur un plateau, ouvre le feu sur deux colonnes d’artillerie qui débouchent en face d’elle, puis prend à partie les batteries prussiennes et l’infanterie bavaroise. Contrainte de quitter sa position devenue intenable, elle tente de se déployer sur un autre plateau pour reprendre son tir, mais gênée par les mouvements de troupes en retraite et ne recevant plus d’ordres (le lieutenant-colonel Clouzet vient d’être tué dans les combats), se replie vers Sedan, où elle est capturée.

 

La 12e batterie est placée en réserve en avant du bois de la Garenne, d’où elle harcèle les batteries prussiennes installées sur les hauteurs de Saint-Menges, puis prend position sur le plateau du Calvaire où elle reprend les tirs contre l’infanterie bavaroises qui tente d’encercler Sedan par le nord. Elle est faite prisonnière en même temps que la 8e batterie.

 

L’artillerie de la 3e Division (5e, 6e et 9e batterie) est placée en attente dans le village de Saint-Menges, à plusieurs kilomètres de la division (sauf la 1ère section de la 6e batterie, détachée aux ordres du lieutenant Moreau avec l’avant-garde du Ier Corps). La cavalerie prussienne s’empare de l’entrée du village, coupant la retraite vers Mézières. Les canonniers qui s’apprêtent à défendre au mousqueton leurs pièces, peuvent finalement s’échapper à travers bois vers le Belgique, puis regagnent Mézières. Le 3, elles se mettent en route vers Paris , puis à partir du 11 vers Lyon pour rejoindre le dépôt.

 

 

 

Le siège de Belfort

 

 

La 1ère batterie (capitaine en 1er Laborie), la 1ère batterie bis (lieutenant en 1er Roussel), la 2e batterie (capitaine en 1e Sailly) et la 2e batterie bis (capitaine en 2e Jourdanet) sont désignées pour assurer la défense de Belfort, qu’elles rejoignent le 12 août.

 

La 1ère batterie est chargée des quarante pièces de tous calibres qui défendent l’enceinte extérieure du Château.

 

La 1ère batterie bis assure la défense des fronts de ville et de l’arsenal.

 

La 2e batterie défend le fort de la Miotte.

 

La 2e batterie bis défend le fort de la Justice.

 

Les batteries s’emploient à mettre en état de défense les différents ouvrages. Du 3, novembre date de l’investissement de la place par les Prussiens, au 13 février, date de cessation des hostilités, elles participent jour et nuit à la défense au services des pièces.

 

La 1ère batterie appuie les forts de Bellevue et des Barres et contribue par ses feux à repousser une attaque prussienne contre les ouvrages des Hautes et des Basses Perches le 26 janvier. Le 8 février elle gène l’installation des Prussiens dans ses forts en leur infligeant de lourdes pertes.

 

La 1ère batterie bis fournit les cadres d’une batterie de campagne de cinq pièces, crées pour accompagner les sorties des fantassins et commandée par le capitaine en 2e Verchère.

 

La 2e batterie par ses feux ininterrompus, ralentit les travaux des artilleurs prussiens sur la hauteur des Perches. Sa position au fort de la Miotte est l’objet de bombardements très violents, surtout les derniers jours du siège, qui n’entament cependant pas la détermination des servants, bien abrités dans leur position que le capitaine Sailly a fait aménager avec sagesse.

 

Le fort de la Justice, convoité par les Prussiens subit de violent bombardements le 3 février. En plus du service de ce fort, la 2e batterie bis a assuré, avec les canonniers de la 2e batterie, la relève des artilleurs mobiles de Haute-Garonne au fort de Bellevue.

 

Le 18 février, sur ordre du gouvernement, le colonel Denfert-Rochereau capitule et quitte la ville.

 

Les quatre batteries gagnent Grenoble, où le corps d’armée de Belfort est dissous, puis Lyon et enfin Toulouse.

 

Dans un dernier ordre du jour daté du 14 mars, le colonel Denfert-Rochereau rend hommage aux défenseurs de Belfort :

 

“ C’est surtout grâce à la fermeté dont ont fait preuves les artilleurs sous le feu de l’ennemi, à la vigueur avec laquelle ils ont répondu à ce feu, au talent employé par les officiers d’artillerie pour couvrir ou masquer leurs pièces, qu’a été due la lenteur des progrès des attaques ennemies. ”

 

 

 

Les 1ère batterie bis et 2e batterie bis sont dissoutes le 1er juillet 1871.

 

 

 

 

Le siège de Paris

 

 

La 3e batterie (capitaine Rieffel) et la 4e batterie (capitaine Salin)constituent sous les ordres du chef d’escadron Deport la réserve d’artillerie du XIIIe Corps d’armée (général Vinoy). Equipées de canons de 12, elles quittent Besançon pour Paris le 14 août. Installées à Vincennes, elles se mettent en marche le 28 pour appuyer l’Armée de Châlons qui se dirige vers Sedan. Obligées d’arrêter leur progression à Charleville-Mézières, le 1er septembre, les deux batteries se séparent : tandis que la 3e batterie est retirée du XIIIe Corps pour participer à la défense de la ville (jusqu’au 5 novembre, date à laquelle elle rejoint à Douai l’Armée du Nord), la 4e batterie regagne Paris le 9 septembre, pour participer avec la 17e batterie à la défense de la capitale. La 4e batterie, installée avenue de la Grande Armée, participe aux nombreuses actions contre les armées allemandes qui se déploient autour de la capitale. Le 13 octobre elle prend part à une reconnaissance offensive sur Châtillon. Le 8 novembre, après la formation de trois armées, la batterie reste au sein de la réserve d’artillerie du Ier Corps d’armée (général Blanchard) de la IIe armée (général Ducrot), qui à partir du 27 novembre se concentre à Vincennes en vue d’une tentative de sortie vers la Marne. Le 30, les troupes franchissent la Marne et s’emparent de Champigny et la batterie s’installe au nord du village, avec mission de contrer l’artillerie prussienne en position à Villiers et Cœuilly, mais harcelée par les tirs incessants et bientôt à court de munitions, elle doit se replier. Le 2 décembre, les Prussiens déclenchent une attaque d’envergure contre nos troupes qui épuisées et débordées se replient protégées par les feux de la 4e batterie, qui se replie à son tour sur Vincennes. Une tentative de sortie au Bourget échoue le 21 décembre. Le 19 janvier 1871, les troupes françaises tentent une sorite vers l’ouest, par Buzenval et le Mont Valérien. Mais le terrain, ravagé par la neige et la pluie, ne permet pas à l’artillerie de se déployer dans de bonnes conditions. Faute d’artillerie, la percée échoue et dans la nuit le général Trochu ordonne de battre en retraite. Après la capitulation de Paris, le 21 janvier, la batterie est désarmée et rejoint le 27 avril le dépôt de Toulouse.

 

 

La 17e batterie (capitaine Courtois), armée de canons de 4 de campagne, fait partie de la 3e Division (général de Maussion) du XIVe Corps d’armée (général Renault). Après le combat de Châtillon le 19 septembre, et les réorganisations du mois de novembre, la batterie devient 4e batterie du 22e d’artillerie.

 

 

 

LES ARMÉES DE LA LOIRE

 

 

 

Un décret du 21 septembre 1870 crée à Bourges le XVe Corps d’armée qui doit empêcher les Allemands de s’emparer du sud et de l’ouest de la France, et essayer de dégager Paris. Le XVe Corps est confié au général de la Motte Rouge, la 18e batterie (capitaine Grosclerc), armée de canons de 4 de campagne, est désignée pour faire partie de la 2e Division (général Martineau-Deschesnez). Le 8 octobre, les Allemands se dirige vers Orléans. Une partie de la 1ère Division et les 2e et 3e Divisions ont l’ordre de se porter au secours de la ville et engagent le combat contre les Prussiens le 10 octobre. Le 11 elles quittent Orléans pour se reformer à la Ferté-Saint-Aubin, où le général d’Aurelles de Paladines, chargé de former le XVIe Corps à Tours, remplace le général de la Motte-Rouge. Les deux corps réunis sous la même autorité forment la 1ère Armée de la Loire. La 1ère Division du XVe Corps, installée à Gien, reçoit le renfort de la 9e batterie (capitaine André), équipée de canons à balles.

 

Le 25 octobre, le général d’Aurelles de Paladines décide une attaque contre Orléans. La Ière Armée doit attaquer par l’ouest, la 1ère Division devant agir à l’est à partir de ses positions de Gien. Le 9 novembre, la 2e division du XVe Corps, qui avec la 18e batterie, doit former la réserve du Corps se heurte aux Bavarois à Coulmiers. La 2e division du XVIe Corps, clouée au sol par l’artillerie prussienne est dégagée par le tir des 5e (capitaine Ferreux) et 6e batteries (capitaine Desruol), équipées de canons de 4 et formant l’artillerie de la 2e division (général Barry) du XVIe Corps (général Pourcet).

 

 

 

La bataille de Loigny

 

 

Pour protéger Orléans contre les troupes allemandes libérées par la capitulation de Paris, le général d’Aurelles de Paladines installe son armée autour de la ville, pendant que finissent de se mettre sur pied à Blois, Gien et Nevers les XVIIe, XVIIIe et XXe Corps. La 1ère batterie de montagne du 12e (sous-lieutenant Bouchard), qui vient d’être formée à Lyon, est donnée en renforcement à la 1ère Division du XVe Corps.

 

Le 25 novembre, le XVIIe Corps (général de Sonis) se met en marche vers Châteaudun pour mener une action de diversion. Le 18 octobre, la ville, défendue par quelques huit-cents hommes (colonel de Lipowski), a tenu tête une journée entière face aux huit mille hommes du général von Wittich, qui, excédés de cette résistance imprévue mettent le feu aux maisons. Les Bavarois, étrillés à Yèvres le 25 novembre, doivent se replier, ralentissant la progression des troupes du grand-duc de Mecklembourg et permettant au XVIIe Corps de se dégager et de se porter au secours du XVIe Corps à Loigny.

 

Le 1er décembre, le XVIe Corps (général Chanzy, depuis le 2 novembre), attaquant par surprise, se rend maître du village de Loigny, puis du château de Goury et de la ferme de Beauvilliers. Le 2, les Bavarois et les Mecklembourgeois contre-attaquent, chassant la 2e Division du château de Goury, la forçant à se replier sur Loigny. Malgré la courageuse résistance du 37e Régiment d’infanterie, retranchés dans le cimetière, et l’appui des 5e et 6e batteries, le Corps de Chanzy doit quitter le champ de bataille et se replier dans l’après-midi sur le château de Villepion. Les deux batteries sont très éprouvées par les tirs de l’artillerie prussienne : près de cent pièces qui harcèlent les Français pendant de longues heures. Le général Chanzy demande au XVIIe Corps, placé plus en arrière à Saint-Péravy-la-Colombe, de venir le dégager. Le XVIIe Corps est frottement diminué, quinze mille hommes ont été retiré pour assurer la défense de Vendôme, mais se met en marche immédiatement. A peine arrivée sur le champ de bataille après plusieurs heures de marche, l’artillerie du XVIIe Corps se met en position pour appuyer les défenseurs du château de Villepion. La 20e batterie (capitaine Debatisse), équipée de canons à balles “ Reffye ” fait partie de la réserve d’artillerie du Corps. Ce sont les canons de la batterie qui brisent la charge de la 4e Division de cavalerie prussienne qui, sous les ordres du prince Albert de Prusse, tente de déborder les Français. La 5e batterie, malgré ses pertes reprend le combat aux coté de la réserve d’artillerie du XVIIe Corps. Dans l’après-midi, le général de Sonis, à la tête de la “ Légion des Volontaires de l’Ouest ” et des mobiles des Côtes-du-Nord, s’élance sur Loigny, prenant le village et repoussant les Prussiens. Pendant ce temps l’artillerie par ses feux ralentit les mouvements des renforts ennemis. Cette intervention permet de dégager le XVIe Corps qui peut battre en retraite sans être inquiété. Malheureusement, aucun renfort n’arrive pour exploiter cette percée et dégager le 37e qui se bat encore dans le cimetière.. Le général de Sonis est blessé, les zouaves et les mobiles doivent rendre les armes, les Allemands reprennent et incendient Loigny dans la soirée. Le sacrifice du XVIIe Corps a permis de sauver le XVIe Corps mais aussi l’Armée de la Loire en retardant l’avance allemande et en lui infligeant de lourdes pertes. Plus tard le général de Sonis rendra hommage à son artillerie :

 

“ L’artillerie fut au-dessus de toute éloge, aussi bien par l’esprit militaire des soldats que des officiers. ”.

 

Le 3 décembre, les Prussiens attaquent Artenay, où la 2e Division du XVe Corps réagit avec courage. La 18e batterie ouvre le feu sur les colonnes d’infanterie, qu’elle ralentit, avant de subir le feu de l’artillerie prussienne qui la contraint à se replier. Le même jour, à Chilleurs-aux-Bois, la 1e Division doit supporter le choc d’une attaque prussienne. La 9e batterie est appelée en renfort pour dégager deux batteries écrasées par l’artillerie ennemie à Chanteau. Elle tire plus de trois-cent-quarante coups en quelques heures, permettant aux deux batteries de se replier, mais doit à son tour quitter le combat, abandonnant sa forge pour remplacer les chevaux tués et sauver toutes ses pièces.

 

Les 8, 9 et 10 décembre, la 20e batterie participe avec le XVIIe Corps au combat de Josnes. Le 8, elle occupe successivement trois position pour retarder les mouvements de l’infanterie prussienne, avant de relever deux batteries à court de munitions, tirant plus de soixante coups par pièce pour désorganiser les tirs de l’artillerie ennemie. Le 9 et le 10, elle appuie par ses tirs le désengagement du XVIIe Corps qui a reçu l’ordre de se replier vers Vendôme.

 

Le 5 décembre, le ministère de la Guerre décide la constitution de deux armées : la Ière aux ordres du général Bourbaki, comprend les XVe, XVIIIe et XXe Corps, la IIe, aux ordres du général Chanzy, est composée des XVIe, XVIIe et XXIe Corps. Le 11 décembre, la IIe Armée commence sa retraite vers Vendôme. Le 28 décembre, la 6e batterie, épuisée et décimée, est dissoute et ses personnels, donnés en renfort à la 5e batterie, elle aussi fortement éprouvée.

 

Le 11 janvier, la 20e et la 21e batteries (capitaine Faure-Durif, équipée de canons à balles) sont engagées dans la défense du Mans. Leurs canons à balles font merveille et forcent les Allemands au repli en abandonnant plusieurs pièces d’artillerie. Le lendemain, le IIe armée se replie vers Laval. Le 15 janvier, la 21e batterie participe avec le XXIe Corps au combat de Sillé-le-Guillaume.

 

Le 28 janvier l’armistice est signé et le 7 mars, par décision du gouvernement, la IIe Armée de la Loire est dissoute. Les batteries des deux armées de la Loire sont dirigées vers Toulouse, où le régiment est stationné où vers Paris pour faire face au soulèvement qui commence.

 

 

L’ARMÉE DU NORD

 

 

 

La 3e batterie (commandée par le capitaine Reiffel, dotée de canons de 12), qui faisait à l’origine partie du XIIIe Corps d’armée est rattachée au XXIIe Corps qui constitue à lui seul l’Armée du Nord aux ordres du général Bourbaki. Le 14 novembre la batterie est dédoublée, la 3e batterie bis étant placée sous les ordres du capitaine en 2e de la 3e batterie, le capitaine Lannes de Montebello.

 

Le 27 novembre, les deux batteries participent au combat de Villers-Bretonneux, où leurs feux contribuent à tenir en échec les Allemands toute la journée. Le soir, munitions épuisées elles sont contraintes de se replier vers Arras. Le général Faidherbe, qui a remplacé le général Bourbaki à la tête de l’Armée du Nord, la réorganise en deux corps, le XXIIe et le XXIIIe Corps. La 3e batterie fait partie de la réserve générale, la 3e batterie bis constitue l’artillerie de la 1ère Division du XXIIe Corps.

 

Pour dégager Le Havre, que les armées prussiennes libérées par la chute de Metz et Sedan menacent, l’Armée du Nord se met en marche mi-décembre et s’installe autour de Pont-Noyelles. Le 23 décembre, les Prussiens déclenchent leur offensive, bousculent les premières lignes françaises, mais sont arrêtés par les tirs de l’infanterie et des canons à balles de la 3e batterie bis. L’arrivée des renforts permet aux Prussiens de franchir l’Hallue, qui ne peuvent emporter la décision et sont repoussés par une contre-attaque des deux corps d’armée. Le lendemain l’Armée française, sa mission de freinage accomplie, se replie sur Arras.

 

Le 2 janvier, l’Armée du Nord attaque Bapaume, où trois brigades et deux divisions de cavalerie allemandes sont rassemblées pour protéger les troupes qui assiègent Péronne. Le 3, après une journée de violents combats, les Français, n’ayant pas réussi à briser la résistance allemande se replient, tandis que les Prussiens épuisés eux aussi, se retirent vers Péronne.

 

Le 14 janvier, le général Faidherbe fait marcher ses deux corps d’armée vers Amiens pour tendre la main à l’Armée de Paris qui tente une sortie vers l’ouest (Buzenval). Le 18, les Prussiens se lancent vers Saint-Quentin pour attaquer notre flanc et accrochent l’arrière-garde du XXIIe Corps. Le 19, les Allemands attaquent, aussitôt repoussés par l’infanterie et l’artillerie française. Les renforts allemands font céder le XXIIe Corps, qui doit se replier, couvert par la 3e batterie qui, de sa position de la crête des Moulins de Tout-Vent, ralentit la progression ennemie et permet au Corps de rejoindre le XXIIIe à Saint-Quentin, que l’Armée évacue le soir pour éviter la capture.

 


L’ARMÉE DE L’EST

 

 

 

XVe Corps d’armée

 

1ère Division : 9e batterie            capitaine André

 

2e Division : 18e batterie        capitaine Grosclerc

 

XXe Corps d’armée

 

2e Division : 19e batterie        capitaine Boussart

 

XVIIIe Corps d’armée

 

réserve d’artillerie : 24e batterie        capitaine Laguilhonie

 

Division Crémer

 

réserve d’artillerie : 22e batterie        capitaine Viala

 

 

 

Le général Cambriels, commandant le XXe Corps, décide après la chute de Strasbourg, de se replier vers Besançon, où il s’établit le 21 octobre. Le 22, ses avant-postes, harcelés par les brigades bavaroises qui forment l’avant-garde du général von Werder, se replient après plusieurs contre-attaques sur les crêtes de Chatillon-le-Duc, où, épaulés par les tirs de la 19e batterie,  ils refoulent les ennemis qui sont contraints de cesser leur avancée. Le XXe Corps est alors transféré par voie ferrée jusqu’à Gien pour se joindre à l’Armée de la Loire, laissant la Franche-Comté aux mains des Allemands. Le général von Werder renforce son siège devant Langres et Belfort et fait mouvement le 18 décembre vers Dijon. A Beaune le général Crémer constitue une division qui doit se porter au secours de Belfort et couper les communications allemandes. En reconnaissance vers le nord, elle repère les mouvements allemands et se met en position autour de Nuits-Saint-Georges, d’où elle prend à partie l’ennemi, qui harcelé par l’infanterie et les tirs de la 22e batterie, doit se résigner à regagner Dijon.

 

En décembre, la Ière armée de la Loire (XVe, XVIIIe et XXe Corps) est acheminée vers la Franche-Comté et la Bourgogne. Début janvier, le XVIIIe Corps est stationné à Auxonne, le XXe à Dôle, le XXIVe à Besançon, et la Division Crémer à Dijon. Le 16, l’Armée atteint les premières lignes prussiennes à l’ouest de Belfort. Le XVe Corps qui a rejoint l’Armée depuis le 8, attaque Montbéliard, mais malgré la vaillance de fantassins et le feu permanent des canons à balles de la 9e batterie, l’assaut échoue. Le XXe Corps, au centre du dispositif, aborde Héricourt, et appuyé par la 19e batterie, s’empare du village. L’aile gauche (Division Crémer) se heurte à une résistance imprévue devant Chénebier, qu’elle ne peut emporter malgré le tir ininterrompu de deux batteries dont la 22e batterie. La journée du lendemain est encore très violente : au sud le XVe Corps harcèle les défenseurs du château de Montbéliard, plus au nord le XXIVe ne peut emporter la décision, seuls le XVIIIe Corps et la division Crémer, appuyés par les 22e et 24e batteries, obtiennent un beau succès en prenant Chénebier. Une contre-attaque allemande échoue le lendemain, mais ce succès français n’est pas exploité. Le soir du 17, renseigné sur l’arrivée d’importants renforts ennemis à Gray, le général Bourbaki donne l’ordre du repli sur Besançon. Le 24, l’Armée, proche de Besançon, se dirige vers Pontarlier pour échapper aux Prussiens. Après l’armistice du 21 janvier, l’Armée reçoit l’ordre de passer en Suisse. Alors que la 18e batterie demeure à Besançon avec sa division pour assurer la défense de la ville et couvrir la retraite de l’Armée, les autres batteries passent la frontière le 1er février dans des conditions extrêmement pénibles, avant d’être désarmées, les Prussiens ayant refusé de considérer l’Armée de l’Est dans les conventions d’armistice.

 

 

LES COMBATS DE LA COMMUNE

 

 

 

Depuis janvier, la capitale est en état de fièvre obsidionale : les rigueurs du siège, le froid, la faim, les combats, l’atmosphère de suspicion, le poids psychologique de la défaite, le sentiment finalement d’avoir été trahi successivement par les dirigeants de l’Empire, du gouvernement de Défense Nationale, font régner un état d’esprit délétère dans la capitale. Adolphe Thiers forme le premier gouvernement, installe l’Assemblée Nationale à Bordeaux, et confirme la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie. L’Assemblée, majoritairement composée de conservateurs (légitimistes, orléanistes, bonapartistes et républicains modérés) ne proclame pas la République. Le 3 mars, les gardes-nationaux se fédèrent pour la défense de la république. Le 10 mars, l’Assemblée choisit de s’installer à Versailles, ville des Rois et de la défaite, ce qui renforce la méfiance des Parisiens qui y voient une provocation. Le 18 mars, Thiers donne l’ordre à l’Armée de s’emparer des deux-cent-vingt-sept canons de la garde nationale, achetés par souscription et que le Comité central de la Commune a refusé de livrer le 15. La foule et les gardes nationaux s’y opposent, l’émeute dégénère et la population fusille les généraux Lecomte et Thomas. Thiers fait évacuer Paris pour éviter que la contagion révolutionnaire ne gagne l’Armée et pour mieux reprendre la ville, s’inspirant de l’exemple autrichien de 1848.

 

Les 1ère, 2e et 3e batteries, la 3e batterie bis et les 5e, 23e, 27e et 29e batteries participent à la répression de l'insurrection de Paris.

 

Le 22 avril, la 1ère batterie est mise en place à Versailles. Le capitaine Labori, promu chef d'escadron, cède le commandement au lieutenant Spilman. La batterie est affectée comme batterie à pied à Bellevue, sur les positions de la batterie de Notre-Dame-des-Flammes et de la batterie de la station de Meudon, d'où elle doit battre les positions du fort et du village d'Issy.

 

Le 2 mai, la 2e batterie construit une batterie au-dessus du village de Moulineaux, où elle assure le service de quatre mortiers de 220 mm.

 

La 27e batterie, après avoir pris part aux combats du 18 mars à Montmartre, gagne le plateau de Châtillon pour servir une batterie de canons de 4 contre les forts d’Issy et de Vanves.

 

Jusqu’au 9 mai, ces trois batterie harcèlent le fort d’Issy., contribuant à en chasser les Fédérés.

 

Après la chute du fort d’Issy, la 1ère batterie reporte ses feux vers le village d’Issy, le lycée, le séminaire, l’hospice et le Couvent des Oiseaux pour accompagner la progression de l’infanterie. Après la chute du Couvent des Oiseaux le 13 mai, la position de la station de Meudon fut désarmée et la batterie renvoyée à Versailles, hormis le détachement de la batterie de Notre-Dame-des-Flammes aux ordres du lieutenant Spilman.

La 2e batterie établit à l’ouest de Châtillon une batterie de quatre mortiers de 220 mm qui doit battre le fort de Vannes, puis après la chute du fort, aménage une position dans une briqueterie de Vanves, où six mortiers de 270 mm et deux mortiers de 220 mm doivent ébranler les bastions des Fédérés.

 

La 3e batterie, déjà stationnée à Paris quand éclate l’insurrection, s’installe à Sèvres et Neuilly, avant de rejoindre les positions de batteries de Rueil et Nanterre. Le 26 mai après avoir contribué à l’enlèvement des barricades du pont et du canal de l’Ourcq, elle s’établit avec sept pièces pour battre de nuit les positions fédérées des Buttes-Chaumont. Dans l’après-midi, la batterie participe à l’attaque contre les Buttes-Chaumont et Belleville.

 

La 3e batterie bis, après un périple par le Nord puis Cherbourg, arrive le 20 avril à Versailles, où, équipée de canons de 12, elle est rattachée à la réserve d’artillerie du IVe Corps. La 29e batterie, de retour de l’armée de la Loire, elle aussi dotée de pièces de 12, est incorporée à son tour dans la réserve d’artillerie. Le 18 mai, pendant que deux pièces de la 29e batterie tirent près de 500 coups contre un bastion proche de la porte de Saint-Cloud, la section du lieutenant Moll détruit la porte, permettant aux fantassins d’entrer dans la ville le 21.

 

La 5e batterie (capitaine Matheu), la 23e batterie et la 29e batterie pénètrent dans la capitale le 21 mai avec le IVe Corps au Point-du-Jour, se séparant par la suite pour rejoindre chacune leur secteur d’action :

 

- la 5e batterie, après avoir ouvert le feu contre les barricades établies devant l’église Notre-Dame-de-Lorette, rue Lafayette, rue de Provence et rue Drouot (section du lieutenant Gourgaud), puis contre les barricades de la rue de Commines, de la rue Saint-Sébastien et du boulevard Richard-Lenoir, bivouaque faubourg du Temple,

 

- la 23e batterie dans le secteur des Invalides et du Trocadéro,

 

- la 29e batterie place de l’Opéra, puis près des Arts-et-Métiers, d’où elle doit ouvrir le feu contre la mairie du XIe arrondissement et contre les insurgés qui tiennent le cimetière du Père-Lachaise, action finalement annulée.

 

La Semaine sanglante du 22 au 28 mai, avec ses barricades (plus de cinq cents), ses combats de rue, ses atrocités (soixante dix-huit otages, dont l’Archevêque de Paris, Mgr Darboy, fusillés par les Fédérés, en représailles des exécutions sommaires pratiquées par les “ Versaillais ”), s’achève sur une défaite de la Commune. On compte entre 800 et 1.200 morts chez les forces de l’ordre, 20 à 30 000 chez les insurgés, plusieurs milliers d’arrestations, deux-cent-soixante-dix condamnations à mort (dont vingt-six exécutées), plusieurs centaines de déportés vers la Nouvelle-Calédonie.

 

 

Les batteries du Régiment sont renvoyées vers leur division ou vers le dépôt.