La Seconde Guerre Mondiale


En avril, la question des Sudètes provoque une grande tension en Europe : la France est liée à la Tchécoslovaquie par l'alliance de 1924, renforcée en 1937, mais l'opinion publique et une partie de la classe politique sont hostiles à une intervention pour laquelle ils jugent la France mal préparée militairement. De plus la Grande-Bretagne refuse de soutenir la France dans cette voie. Les accords de Munich le 29 septembre 1938, approuvée par une majorité de députés, provoquent un grand soulagement dans une opinion publique persuadée qu'elle vient d'échapper au spectre qui la hante depuis 1918 : une nouvelle guerre contre l'Allemagne. Le 11 août, une tentative d'accord avec l'Union Soviétique échoue, Staline mettant comme condition de l'appui de l'Armée Rouge un passage par la Roumanie et la Pologne, ce que les intéressés ne goûtent guère. En fait, au même moment, Staline négocie avec les Allemands, dont il obtient le 19 août un accord commercial, suivi le 23 d'un pacte réciproque de non-agression, complété de protocoles secrets qui prévoient un partage des zones d'influence (Etats baltes, Finlande, Pologne). Le 1er septembre 1939, l'armée allemande, après un incident de frontière habilement monté, franchit la frontière polonaise, et en quelques semaines, aidée à partir du 17 par l'offensive soviétique sur le front oriental, balaie l'héroïque armée polonaise. Le 3 septembre, la France et la Grande-Bretagne, alliées de la Pologne, déclarent la guerre au IIIe Reich.

 


Le 12e Régiment d’artillerie divisionnaire entre en guerre

 

En 1939, l’Armée française met sur pied 153 régiments d’artillerie divisionnaire, 22 régiments d’artillerie de corps d’armée et 43 régiments de réserve générale.

Chaque Division d’infanterie possède deux régiments : un régiment de campagne de trois Groupes de trois batteries de quatre pièces de 75 (régiment numérotés de 1 à 99) et un régiment lourd, formé de deux Groupes de trois batteries de 155 C17 ou d’un Groupe de 105 Mle 35 et un Groupe de 155 C17 (régiments de la série 201 à 299).

 

Le 12e Régiment d'artillerie est en temps de paix articulé sur la structure suivante :

- un peloton hors-rang,

- trois groupes de deux batteries de canons de 75 hippomobile,

- deux groupes lourds à deux batteries de 105 et de 155,

- une batterie antichars (créée en octobre 1938, par transformation de l'élément antichar créé en 1936, équipée de canons de 75, puis à partir de 1939 de canons de 47 A.C.)

A la mobilisation, le peloton hors-rang se transforme en batterie hors-rang, les groupes passent à trois batteries et mettent sur pied de guerre leur colonne de ravitaillement (C.R.).

Les Ve et VIe groupes forment le 212e Régiment d'artillerie lourde divisionnaire, sous le commandement du commandant en second du 12e. Le V/212 possède trois batteries de canons de 105 Bourges et une C.R., le VI/212 possède trois batteries de 155 C.G. Schneider et une C.R.

Les batteries de 75 comprennent six pièces (le terme de pièce désigne la cellule élémentaire de la batterie) : quatre pièces de tir, une pièce formant section de commandement, regroupant, outre le commandant de batterie et le lieutenant de tir, les observateurs, l’équipe téléphonique, les agents de liaison, et une pièce réunissant les services : chef comptable, artificiers, mitrailleurs, fourrier, cuisine roulante, forge, etc.

La batterie divisionnaire antichar qui porte dans les divisions le numéro 10, comprend six pièces, réparties en trois sections, chacune commandée par un lieutenant ou un sous-lieutenant.

Les batteries de 105 et 155 sont constituées de la même façon.

 

Le 22 août, l'échelon A (active) puis le 27, l'échelon B (réservistes) sont activés pour accueillir les réservistes rappelés par fractions à partir du 23. Le 7 septembre, après l'arrivée des derniers réservistes précédemment rassemblés à Liffol-le-Grand, le 12e et le 212e sont prêts pour rejoindre la 43e Division d'infanterie.

Comme toutes les divisions d'infanterie du même modèle, la 43e Division comprend trois régiments d'infanterie, deux régiments d'artillerie, une batterie antichar, un groupe de reconnaissance, des éléments du Train, de l'Intendance, et un Parc d’Artillerie Divisionnaire (P.A.D.). La division est commandée par un général, assisté d'un Etat-major, comprenant entre autres un commandement de l'infanterie (I.D., infanterie divisionnaire) et un commandement de l'artillerie (A.D., artillerie divisionnaire)

 

 

 

43e DIVISION D'INFANTERIE

 

 

Commandant la Division            général Vernillat

Chef d’Etat-major                lieutenant-colonel Derner

Commandant l'Artillerie Divisionnaire        colonel Allard

Commandant l'Infanterie Divisionnaire        colonel Braun

158e Régiment d'infanterie            lieutenant-colonel Puccinnelli

3e Régiment de Tirailleurs marocains        ?

4e Demi-Brigade de Chasseurs             lieutenant-colonel Trouillet

                                                              (1er, 10e et 29e Bataillons de chasseurs à pied)

P.A.D                        chef d’escadron Lamy

32e Groupe de reconnaissance            chef d’escadrons Roux

12e Régiment d’artillerie divisionnaire        colonel André

212e Régiment d'artillerie lourde divisionnaire    lieutenant-colonel Taton

10e batterie divisionnaire antichar (12e R.A.D.)    capitaine Chabeuf

43/1 Compagnie de génie (sapeurs mineurs)

43/2 Compagnie de génie (sapeurs mineurs)

43/81 Compagnie de génie (télégraphistes)

43/82 Compagnie de génie (radio)

43/20 Compagnie de train (hippo)

143/20 Compagnie de train (auto)

43/23 Groupe d’exploitation divisionnaire

43e Groupe de santé divisionnaire

14e Compagnie divisionnaire antichar (158e R.I.)

                      13e Compagnie divisionnaire de pionniers (158e R.I.)

 

 

         L'ANNEE 1939

 

 

 Les combats d’Alsace

 

L'artillerie de la 43e Division s'installe dans les villages autour de Haguenau :

 

E.M. et B.H.R                                        Schweighouse

 

             I/12, 1ère et 2e batteries             Weitbruch

                     3e batterie, 1ère C.R.           Weinumshof et château Walck

 

              II/12, 4e, 5e et 6e batteries        Gries

                     2e C.R.                             Marienthal

 

             III/12, 7e et 8e batteries            Metzgerhof

                    9e batterie, 3e C.R.            Ferme des Anabaptistes

 

             V/212, 13e, 14e et 15e batteries        Gries

                       5e C.R.                           Marienthal

 

            VI/212                                       Kurtzenhouse

 

 Le 7 septembre, le I/12 et le II/12 sont mis en place au sud de Lauterbourg et de Wissembourg. Le 9, les batteries appuient les coups de main de la Demi-Brigade de Chasseurs et du 3e R.T.M. au nord de la Lauter.

Mais très rapidement, un calme relatif s'installe progressivement sur le front et la 43e D.I. est détachée auprès des ouvrages du Secteur Fortifié de Haguenau, pour en améliorer les positions. Le 12e travaille au profit du sous-secteur de Soufflenheim (commandant Ajoux) et aménage des positions de batterie dans les lisières nord de la foret de Haguenau. A partir du 7 octobre, le régiment reçoit mission de renforcer les intervalles entre les ouvrages : la B.H.R. à Soufflenheim, le I/12 autour du village (sauf la 3e batterie, à Routzenheim), le II/12 entre Hohwiller et Soultz-sous-Forets, le III/12 au niveau de Betschdorf. La 4e batterie est peu après poussée jusqu'à l'ouvrage du Schoenenbourg.

 

Le secteur de Bitche

 

Du 13 au 16 novembre, la 43e D.I. est relevée et doit relever la 30e D.I. dans le secteur d'Ohrenthal (nord de Bitche). Le 12e est relevé dans le secteur de Haguenau par le 41e R.A.D. et remplace le 14e le 18 et 19 novembre. Dans le même temps, le 212e, relevé par le 241e relève le 214e. Les batteries occupent un très vaste secteur.

 

12e R.A.

 

P.C.                       Hottwiller

  observatoires        Chapelle des Saints (Loutzwiller), Bois de Waldhouse

 

I/12                        Urbach

1ère batterie            Reyersviller

2e batterie             Dollenbach

3e batterie             Urbach

1ère C.R.                Siersthal

 

II/12                      Reyersviller   

4e batterie             Schorbach

5e batterie             Reyersviller

6e batterie             Reyersviller

2e C.R.                  Alt-Schmels

 

III/12                     Schorbach

7e batterie             Enchenberg

8e batterie             Schorbach

9e batterie             Nousseviller-les-Bitche

3e C.R.                  Reyerswiller

 

212e R.A.L.D.

 

P.C.                       Reyerswiller

 

V/212                    Le Légeret

13e batterie           Ferme du Légeret

14e batterie           Ferme du Légeret

15e batterie           Siersthal

5e C.R.                  Montbronn

 

VI/212                   groupé dans la région de Reyerswiller

 

La guerre qui se déroule alors est surtout faite d'embuscades et de coups de main entre les patrouilles des deux camps. Les batteries sont sollicitées pour les tirs de préparation d'artillerie et d'appui aux postes harcelés par l'ennemi. Ainsi le 19 novembre, la 9e batterie (capitaine Devoyod) déclenche un tir d'arrêt contre des éléments infiltrés qui tentent d'encercler une position du 158e R.I. Les observatoires sont des cibles privilégiées des canons allemands, particulièrement l'observatoire de la Chapelle des Saints, régulièrement bombardé par un 105. Ces combats durent ainsi jusqu'au mois de décembre, époque à laquelle la 27e Division Alpine relève la 43e. Le 58e R.A.D. s'installe sur les positions du 12e et le 258e R.A.L.D. sur celles du 212e.

 

L'ANNEE 1940

 

Les régiments bénéficie de quelques semaines de repos dans la région de Sarrebourg :

 

12e R.A.D.

P.C. et B.H.R.             Haut-Clocher

 

I/12 et 1ère batterie        Kerprich-aux-Bois

2e et 3e batteries            Haut-Clocher

 

II/12                Langatte

 

III/12 et 7e batterie        Gondrexange

8e et 9e batteries            Hertzing

 

212e R.A.L.D. :            Bebing et Ferme Rinting

 

 

 

L’attente en Champagne

 

Le 30 janvier, les régiments embarquent et sont acheminés par voie ferrée jusqu'à Dormans et Epernay. Ils s’installent dans la région de Ville-en-Tardenois.

 

12e R.A.D.

 

E.M. et B.H.R.            Baslieux-sous-Chatillon

 

I/12                Cuisles

1ère batterie            Olisy et Violaine

2e batterie            Jonquery

3e batterie            Bondières (plus tard Ste Gemme)

1ère C.R.            Cuisles

 

II/12 et 5e batterie        Chaumuzy

4e batterie            Pourcy

6e batterie            Marfaux

2e C.R.                Cormoyeux, puis Courtagnon

 

III/12 et 8e batterie        Cuchery

7e batterie            Champlat et Boujacourt

9e batterie            Belval

3e C.R.                Cuchery

 

212e R.A.L.D.

 

P.C.                 Pierry

 

V/212                Pierry

13e batterie            Brugny

14e batterie            Chavot

15e batterie            Montholon

5e C.R.                Pierry

 

VI/212              groupé au sud d'Epernay

 

La VIe armée (général Touchon), à laquelle appartient la 43e D.I. (avec les 26e, 1ère, 87e D.I., et la 3e Division d'infanterie motorisée) forme la réserve du Grand Quartier Général. En attendant le déclenchement de l'offensive, il faut éviter que l'oisiveté forcée à laquelle sont soumise les troupes ne nuise au moral. Le général Touchon fait alterner les activités de préparation opérationnelle (instruction des élèves-gradés, entretien des matériels, écoles à feu, manoeuvres interarmes.) et les distractions (théâtre, cinéma, sport).

 

 

Composition et encadrement du 12e R.A.D. et du 212e R.A.L.D. en mai 1940

 

 

 

12e R.A.D.

 

chef de corps            colonel André

officier adjoint            capitaine Devoyod

B.H.R.                capitaine Kirchen, lieutenant Martin, lieutenant Viénot, sous-lieutenant Gadat, adjudant-chef Lamothe

 

I/12                    chef d'escadron Bayon, lieutenant Tassou, sous-lieutenant Giraud, sous-lieutenant Alain, sous-lieutenant Dupré,

                           sous-lieutenant Durandin

1ère batterie            capitaine Thurneyssin, lieutenant Piebourg, sous-lieutenant Humbert

2e batterie            capitaine Guth, lieutenant Andlauer, sous-lieutenant Momper

3e batterie            capitaine Clauzon, lieutenant Rouin, sous-lieutenant Kirchenheiter

 1ère C.R.    lieutenant Schwartz, lieutenant Thietry, lieutenant Radius, médecin-lieutenant Maury, vétérinaire auxiliaire Agnoux

 

 II/12                      chef d'escadron Bonotaux capitaine Boisard

 lieutenant Bruneau, lieutenant Marthe, lieutenant Terras, lieutenant de Rochefort

4e batterie            capitaine Tomasini, lieutenant Hering, sous-lieutenant Bathelot

5e batterie            capitaine Alby, lieutenant Corrège, sous-lieutenant Duringer

6e batterie            lieutenant Loiseau, sous-lieutenant Garnier, sous-lieutenant Richert

  2e C.R.    lieutenant Battezati, lieutenant Dupont, médecin sous-lieutenant Salmona, vétérinaire sous-lieutenant Laye

 

III/12                capitaine Simon, capitaine Chavanne, sous-lieutenant Martin, sous-lieutenant Hauprich

7e batterie            capitaine Boiraud, sous-lieutenant Ringeisen, aspirant Mellon

8e batterie            capitaine Daure, lieutenant La Ferté, lieutenant Trémollières

9e batterie            capitaine Rochette de Lempdes, lieutenant Hartmann, lieutenant Grillon

3e C.R.                lieutenant Clément, lieutenant Legrand, sous-lieutenant Contant, médecin lieutenant Weidenfeld,

vétérinaire lieutenant Avelange

10e batterie antichars        capitaine Chabeuf, lieutenant Landais, sous-lieutenant Rollet, sous-lieutenant Spinner,

sous-lieutenant Bertrand

 

212e R.A.L.D.

 

chef de corps            lieutenant-colonel Taton

officier adjoint            lieutenant Laflèche

 

V/212                chef d'escadron Breiner, lieutenant Courtin, lieutenant Perret, lieutenant Schaller

13e batterie            capitaine Morel, lieutenant Rodellec, sous-lieutenant Monnot

14e batterie            capitaine Montargès, lieutenant Bourlaud, sous-lieutenant Robloi

15e batterie            capitaine Manet, lieutenant de Vandières de Vitral, sous-lieutenant Tatischeff

5e C.R.                capitaine Aubry, vétérinaire sous-lieutenant Pardinalle

 

VI/212                capitaine Aubrée, lieutenant Prod’homme, lieutenant Noël, lieutenant Guilbert, lieutenant de Clapiers,

 lieutenant Reibel

16e batterie            lieutenant Perret, lieutenant Goletty, sous-lieutenant Agostini

17e batterie            capitaine Soisson, lieutenant Buchert, sous-lieutenant Kirchenheiter

18e batterie            capitaine Valentin, sous-lieutenant Denninger

6e C.R.        lieutenant Kern, lieutenant Hourmeil, médecin lieutenant Castellant,

vétérinaire lieutenant Pardinalle

 

 

 

L’offensive allemande dans le Nord

 

Le 10 mai 1940, les Allemands reprennent l'offensive. La 43e D.I., le 12e et le 212e sont prêts à entrer dans les combats.

 Le colonel André, dés la réception de l'ordre de mouvement, envoie des équipes de reconnaissance en automobile pour préparer les sites de débarquement des batterie. Le II/12, en manoeuvre à Mailly depuis quelque jours, rejoint le Régiment le 12, le jour même où la division est dirigée vers Maubeuge.

 

La défense de Maubeuge

 

La B.H.R. et le I/12 embarquent le 13 à Muizon, dans la région de Reims. Le II/12 doit embarquer à Epernay mais ne peut quitter la ville que le 14. Le III/12 ne peut embarquer et se retrouve coupé du reste du Régiment. Le V/212 et le VI/212 embarquent à Avize.

 

La B.H.R. débarque au sud-est de Maubeuge (Ferrière-la-Petite) le 14, le I/12 et le II/12 le 15, sauf la 6e batterie qui débarque à Bavay (dix kilomètres à l'ouest de Maubeuge) le 16.

 

Dans la nuit du 14 au 15, les renseignements provenant des unités de reconnaissance confirment de mauvaises nouvelles que tous redoutaient : les Allemands ont franchi la Meuse entre Namur et Dînant, les éléments de tête, blindés et appuyés par une aviation supérieure en nombre, menacent l'aile française.

 

La 43e D.I. assure la couverture du flanc droit de la Ière Armée entre Jeumont et Charleroi. Les unités de la Division doivent se répartir sur le front d'ouest en est, le long de la Sambre, avant le 16.

 - entre Jeumont et Fontaine-Valmont, le I/12 et le VI/212 doivent former le groupement Ouest aux ordres du colonel André et appuyer le 158e R.I.,

 - entre Fontaine-Valmont et Hourpes, le III/12 et le V/212 doivent former un groupement Centre aux ordres du lieutenant-colonel Taton et appuyer le 3e R.T.M.,

 - entre Hourpes et Marchienne-au-Pont (ouest de Charleroi), le II/12 doit former le groupement Est aux ordres du chef d'escadron Bonotaux et appuyer la 4e Demi-Brigade de Chasseurs.

 

A l'aube du 16 mai, seul le I/12 est déployé au nord de Peissant. Le 3e R.T.M. rejoint son secteur en fin de journée, la 5e batterie occupe ses positions à Leernes (ouest de Charleroi). La 4e batterie effectue dans la nuit son mouvement entre Taisnières (est de Bavay) et Leernes. Le III/12, qui n'a pas pu embarquer ne parvient pas à rejoindre sa position.

 

Le 17, le général Vernillat rappelle dans son ordre du jour :

“ La position du Canal de Charleroi et de la Sambre constitue une position de résistance qui doit être défendue coûte que coûte, sans esprit de recul. On tiendra jusqu’à la mort. ”

 

Le 12e commence son mouvement de nuit, mais ralenti par les flots de réfugiés, il met toute la nuit à rejoindre ses nouvelles positions au nord de Maubeuge. La 6e batterie parvient à rejoindre le reste du II/12 à Mairieux. Le I/12 s’installe à l’est de Maubeuge, pour appuyer le 158e sur l’arc Elesmes - Boussois - fort des Sarts (nord-est de Maubeuge). La B.H.R. et la 1ère C.R. sont implantées à Feignies, au nord-ouest de la ville. En début de matinée, après un accrochage avec les chars allemands, la 3e batterie et les éléments du 158e R.I. se replient. Après de violents combats, les Français parviennent à contenir la poussée allemande. Le colonel André n’ignore pas que l’ennemi connaît l’importance de Maubeuge dans le système défensif français et qu’il ne prendra pas le risque de voir se créer un réduit défensif au cœur de son dispositif.

 

L'ennemi parvient à infiltrer des patrouilles dans les faubourgs nord-ouest de Maubeuge, où sont implantés les P.C. du 12e et du 158e. Le colonel André fait placer ses batteries en D.C.B. (défense contre blindés) face au sud. En fin de journée, le 212e s'installent à Feignies pour soutenir une action du 3e R.T.M. sur Maubeuge.

 

Le 19 mai, à l'aube, la 6e compagnie du 158e est capturée, le fort de Leveau tombe. Les deux groupes du 212e ne sont plus protégés par aucun détachement d'infanterie et se replient au nord de Feignies dans le bois de la Lanière.

 

Le II/12 reçoit l'ordre de changer son dispositif :

- la 4e batterie s'installe face au sud, à quelques centaines de mètres au sud du carrefour de Floricamp,

- la 5e batterie doit exécuter des tirs de harcèlement sur les troupes allemandes qui se concentrent au sud de la Sambre avant de s'implanter au sud de la route La Banlieue - Mairieux,

- la 6e batterie s'installe entre la 4e batterie et Mairieux.

 

Un agent de liaison revient de Feignies où se trouvait le P.C. du général Vernillat et rend compte que l’Etat-major de la division et l'A.D. ont quitté le village pour une destination inconnue.

 

Le 212e qui, du bois de la Lanière se préparait à intervenir au profit du 12e et des fantassins, reçoit l'ordre de gagner Vertain, au sud de Valenciennes, où l’Etat-major du Ve Corps d'armée regroupe les régiments d'artillerie lourde. Nous le retrouverons plus loin.

 

Le lieutenant de Rochefort, officier de liaison du II/12 auprès de la 4e Demi-Brigade de Chasseurs, rend compte à son commandant de groupe, qu'à l'exception du 10e B.C.P., la Demi-Brigade a reçu l'ordre de se replier au lieu-dit “ le Gros Chêne ”, cinq kilomètres à l'est de Bavay. La B.H.R. et la 1ère C.R. ont pu quitter Fegnies et rejoindre la division, suivi un peu plus tard par le 29e B.C.P. et la 2e C.R., rassemblée au Bois des Sarts ; et le 1er B.C.P.

 

A partir de 10 heures, l'ennemi prépare son attaque : l'aviation et l'artillerie bombardent les positions. Le lieutenant Terras (officier transmissions du II/12) et le canonnier Leckman (3e batterie) sont tués, le lieutenant Rouin (3e batterie) et le maréchal-des-logis Louis (2e batterie) sont blessés. L'infanterie allemande passe à l'attaque et s'empare du château d'eau situé sur la route Maubeuge-Mons, excellent observatoire qui lui permet de dominer nos positions mais d'où un tir ajusté de la 1ère batterie les déloge.

 

Les commandants de groupes placent les batteries auprès des fantassins en guise d’armement antichar, et ainsi appuyées, les compagnies du 15.8 contre-attaquent. Dans la nuit, les batteries tirent à plusieurs reprises “ débouché à zéro ” avec leurs obus à balles contre les patrouilles allemandes qui tentent de s'infiltrer.

Le colonel André, dans son ordre du jour du 20 mai, annonce que la liaison avec la division est coupée et que, officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, il prend le commandement des éléments engagés dans la défense de Maubeuge. C'est  avec des éléments disparates que le colonel André compte ralentir l'avance des Panzers :

- deux groupes d'artillerie (I/12 et II/12) autour de Maubeuge,

- le 158e R.I. sous les ordres du lieutenant-colonel Puccinelli,

- le 10e B.C.P., sous les ordres du chef de bataillon Carlier,

- le 2e bataillon du 6e R.T.M., sous les ordres du lieutenant-colonel Marioges,

- des éléments du 84e R.I.F. sous les ordres du lieutenant-colonel Sibeyrand,

 

A l'est, le lieutenant-colonel Marioges défend la Sambre entre le lieu-dit “ la Parapette ” (nord-ouest de Boussois) et Maubeuge :

- le I/158 (chef de bataillon Semblat), tient Boussois, Assevent, le “ bloc du Maroc ”, la “ batterie de l'Epinette ”,

- le II/6e R.T.M. tient la butte de tir de Maubeuge,

- les éléments du 84e R.I.F. tiennent les forts et les ouvrages.

 

Au centre :

- le II/158 (capitaine Schlegel) contrôle “ la Banlieue ” et la zone comprise entre le “ Bois brûlé ” et le “ Petit Camp perdu ”,

- le III/158 (chef de bataillon Sauvageot) tient le “ Petit Camp perdu ” et le “ Grand Camp perdu ”

 

A l'ouest :

- le 10e B.C.P. (chef de bataillon Carlier) tient Elesmes avec une compagnie du III/158 et Bersillies avec les éléments du 84e.

 

Le colonel André sait que la dernière possibilité de repli consiste à se joindre aux éléments de l'aile droite de la Ière Armée qui doivent passer par le sud de Mons, mais conscient de l'importance d'un combat retardateur autour de Maubeuge, choisit de s'en tenir à l'ordre du général Vernillat : “ On tiendra jusqu'à la mort ”.

 

Le colonel profite de la brève accalmie dans la matinée du 20 mai pour améliorer ses positions. En fin de matinée, l'infanterie allemande reprend ses assauts appuyée par les chars et l'artillerie. A l'ouest, la pression se fait plus forte, obligeant les éléments les plus avancés du 158e à se replier. Les P.C. des compagnies et des batteries sont harcelés par les fantassins allemand et seule une contre-attaque menée par un détachement du 158e permet de les dégager. L'artillerie allemande intensifie ses feux sur nos positions : le sous-lieutenant Humbert (1ère batterie) est mortellement touché, le sous-lieutenant Reinbold (3e batterie) est grièvement blessé. Vers 18 heures, la 2e batterie subit un assaut et doit défendre ses pièces l'arme à ma main. Elle tire ses derniers obus contre les armes lourdes des Allemands, puis détruit ses canons et se replie. La situation devient de plus en plus difficile pour les Français : le poste de commandement du colonel André, celui du colonel commandant le 158e et celui  du chef d'escadron Bayon commandant le Ier groupe sont attaqués par l'infanterie allemande. Le Ier Groupe et la 5e batterie combattent aux cotés des fantassins pour tenter de dégager leurs pièces attaquées.

 

 

Le repli

 

Le colonel André donne l'ordre de repli vers Mairieux et Barsillies, en passant par La Banlieue, le IIIe bataillon du 158e assurant la couverture de ce repli. Dans l'impossibilité de dégager certaines de leurs pièces, les canonniers des 1e et 3e batteries font sauter les plus exposées et replient celles qui peuvent l’être : sur les douze pièces du groupe, seules cinq sont encore en état de tir. L'infanterie française s'installe pour tenir une ligne entre le fort des Sarts (nord de Maubeuge), et Elesmes (est de Maubeuge). Le 84e R.I.F. tient encore le fort et le village du Boussois. Le colonel André établit à Mairieux son P.C. au poste de commandement du lieutenant-colonel Soubeyrand, commandant le 84e et y réunit les chefs d’éléments : commandant du 84e, du 158e, du 10e B.C.P., du I/12 et du II/12. Contre l'avis de tous, le colonel André décide de tenir jusqu'au 21, puis de partir vers le nord-ouest en direction de Tournai. La 4e batterie est envoyée pour constituer un mole antichar à Bersillies, tandis que la 6e batterie doit renforcer les éléments de forteresse qui tiennent encore Bettignies. Deux officiers de l’Etat-major du 12e reconnaissent les itinéraires en vue du décrochage.

 

Après une nuit durant laquelle l’artillerie ennemie se contente de quelques tirs de harcèlement contre le Floricamp, Mairieux, Bersillies et Elesmes, l'infanterie allemande reprend les attaques et parvient à s'emparer du sud d'Elesmes, puis tente de progresser en direction de Bersillies. L'observateur du II/12 repère ce mouvement et déclenche un tir de la 4e batterie pour appuyer le 10e B.C.P. qui tient le secteur. A l'ouest, le carrefour du Floricamp est tenu par les Allemands, ce qui ferme l'unique voie de sortie des défenseurs. Le colonel André décide de faire décrocher les unités, en ouvrant une brèche dans les réseaux de barbelés de l'ouvrage de Bersillies pour permettre le mouvement vers Bettignies. A midi, l'infanterie allemande s'infiltre vers Mairieux, mais le II/158 tient fermement sa position. Vers 19 heures, le colonel André donne l'ordre de détruire les matériels (canons, transmissions, ...) et de constituer les colonnes à pied. Le I/12 exécute cet ordre, le II/12, hormis la 6e batterie détachée la veille, se met en route avec ses matériels, n'abandonnant que deux automobiles. La colonne se met en route vers Quévy-le-Petit et Quévy-le-Grand, la 5e batterie fournissant un pièce à la compagnie du 10e B.C.P. qui forme l'avant-garde.

 

La journée du 22 est tranquille et permet aux personnels de se reposer quelques heures et de même de s'alimenter avec les ressources locales. En fin d'après-midi, la colonne reprend la route vers Condé-sur-Escaut et Tournai. L'avant-garde, constituée du III/158, d'une compagnie du 10e B.C.P. et d'une pièce de la 4e batterie, est commandée par le lieutenant-colonel Puccinelli. Le gros regroupe le I/158 et le II/158, le I/12 et le II/12, une compagnie du 10e B.C.P. et les éléments du 84e R.I.F. Le 10e B.C.P. forme l'arrière-garde.

 

 

Blarégnies

 

Dés la sortie de Quévy-le-Petit, l'avant-garde et l'arrière-garde sont accrochées. Dans la soirée, l'avant-garde atteint Blarégnies et se heurte à un détachement allemand, solidement installé dans les maisons. Le combat dure près de deux heures, et les Allemands bousculés par la rage de nos fantassins doivent lâcher prise, abandonnant quatre canons antichars et laissant quinze prisonniers aux mains du 158e. Dans son élan, le III/158 bouscule les éléments ennemis implantés sur le mouvement de terrain entre Blarégnies et Rieu-de-Bury. Mais l'ennemi se ressaisit et achemine des renforts dotés d'armement lourd. L'infanterie allemande attaque et cherche à pénétrer dans le village. Le sous-lieutenant Bathelot a mis une pièce en batterie à la sortie du village pour appuyer l'action de l'avant-garde, dont il se trouve séparé. Pris à partie à courte distance, il doit se replier avec ses servants blessés, mais son action permet au chef d'escadron Bonotaux de mettre en place ses pièces. Pour permettre le passage de la colonne, le II/158 se met en place au carrefour de Blarégnies. Cependant, quelques centaines de mètres plus loin, le colonel André, déjà parvenu aux premières maisons de Rieu-de-Bury, se heurte à l'ennemi et doit refluer vers le centre du village. Le I/12 et un groupe de fantassins du 158e reste isolé à l'entrée du village. Il tient tête, mais est attaqué de plus en plus vigoureusement : le lieutenant Rouin (3e batterie) est tué, le capitaine Clouzon est grièvement blessé. Peu après minuit, le chef d'escadron Bayon donne l'ordre de cesser le feu ; il est fait prisonnier avec son groupe. Pendant ce temps, le III/158 continue sa progression, mais débordé par l'ennemi et à court de munitions, doit rendre les armes.

 

Dans le village, le combat fait rage, le chef d'escadron Bonotaux organise la défense et coordonne les actions entre artilleurs et fantassins. Le 84e R.I.F. ne peut intervenir, les fantassins de forteresse étant peu entraînés et surtout mal équipés pour le combat en rase compagne. Le colonel André, qui a installé son P.C. dans un café au centre du village donne l'ordre au 10e B.C.P. de lancer une contre-attaque pour tenter de briser l'encerclement. Une compagnie et une section de mitrailleuses sont mises en place aux lisières du village mais malgré l'héroïsme des Chasseurs, cette tentative échoue. Dans la nuit, le colonel André donne l'ordre de détruire les pièces. Quand le jour se lève, les défenseurs ne peuvent que constater la triste évidence : ils sont encerclés. Les Allemands tiennent Rieu-de-Bury, le Bois du Tilleul, la route d'Aulnois et ils tentent de déborder par l'est malgré l'héroïque défense des Chasseurs. Le colonel André décide de ne pas attendre l'assaut et fait constituer des petits groupes qui sous la conduite d'un officier ou d'un sous-officier, doivent tenter de s'échapper vers le nord-ouest ou le sud-ouest. A l'est, le 10e B.C.P. tient toujours bon. Les éléments qui tentent de s'échapper doivent rapidement renoncer : les Allemands contrôlent tous les accès. Tous les groupes subissent le même sort et sont capturés. Celui qu'emmène le colonel André est pris sous le feu. Le colonel est mortellement touché, l'arme à la main. D'autres groupes se joignent au 10e B.C.P. au moment où le chef de bataillon Carlier tente une dernière fois de briser l'encerclement en direction du bois du Tilleul. Ce groupe hétéroclite (Chasseurs, Tirailleurs, fantassins du 158e et du 84e, artilleurs du II/12 menés par le chef d'escadron Bonotaux...) se lance à l'assaut des Allemands installés dans les lisières. Surpris de cette brusque contre-attaque, les Allemands se replient et les Français semblent même percer le dispositif, jusqu'au moment où ils sont pris en tenaille entre un nid de mitrailleuses et des blindés qui déciment nos maigres rangs. A 11 heures le combat cesse.

 

Le Régiment est cité à l’ordre de l’Armée :

 

“ Le 12e Régiment d’artillerie, comprenant les 1er et 2e Groupes sous les ordres du colonel André, commandant le régiment, a fait preuve d’un cran et d’une énergie admirable au cours de la bataille des Flandres du 19 au 23 mai 1940 ; encerclé au nord de Maubeuge, avec une partie de l’infanterie de la Division, par un ennemi très mordant et disposant de nombreux engins blindés, sans ravitaillement depuis plusieurs jours, a appuyé son infanterie avec un total esprit de sacrifice, subissant des pertes sérieuses en personnel et en matériel, luttant au contact même de l’infanterie ennemie, jusqu’à l’épuisement des ses munitions. Ayant été contraint à rendre son matériel inutilisable, a poursuivi la lutte dans les rangs de l’infanterie. A tenté dans un suprême effort d’attaquer pour rompre l’encerclement ennemi, suivant l’exemple de son colonel, mortellement frappé, le mousqueton à la main, au cours d’une de ces tentatives. A donné un magnifique exemple d’énergie, d’esprit de sacrifice et de camaraderie de combat. ”

 

Le colonel André est cité personnellement à l’ordre de l’Armée :

 

“ Commandant un Groupement d’artillerie près de MAUBEUGE, a fait preuve d’un courage et d’une énergie au-dessus de tout éloge. Le 21 mai 1940, a pris le commandement d’un groupement tactique coupé du Commandant de la Division, et a tenu tête pendant trois jours à toutes les attaques d’éléments blindés ennemis, malgré les plus sévères bombardements d’artillerie et d’aviation.

Complètement encerclé à BLAREGNIES, toutes munitions étant épuisées, a combattu avec l’infanterie pour essayer de rompre l’encerclement ennemi. A été mortellement blessé au cours de cette tentative. ”

 

 

 La bataille de Blarégnies a fait disparaître les deux premiers groupes du 12e. La 6e batterie détachée le 21 mai a rejoint nos troupes, le III/12 qui n'a pas embarqué à Reims combat encore et le 212e qui a rejoint le Ve Corps à Valenciennes peut reprendre la lutte.

 

Les batteries du III/12 en Champagne.

 

Le 15 mai, les batteries du III/12 attendent l’embarquement dans la région de Gueux (dix kilomètres à l’ouest de Reims). L’état-major du Groupe aux ordres du capitaine Simon, et la 3e C.R. ont eux réussi à embarquer avec le reste du Régiment. Une percée allemande dans la région de Laon, entre la IIe et la IXe Armées, empêche ce déplacement des batteries qui se retrouvent isolées et sans commandement. D’abord déployées dans la région de Berry-au-Bac et de Neuchâteau-sur-Aisne pour défendre les ponts sur l’Aisne, elles sont ensuite rattachées fin mai à la 28e Division d’infanterie, qui défend le secteur situé au nord-est de Soissons : Chemin des Dames, Ailette, Comin-sur-Aisne, Anizy-le-Château. La 9e batterie est installée à Laffaux (dix kilomètres au nord-est de Soissons), dans un secteur que le 12e connaît bien puisqu’il y a combattu entre mai et octobre 1917, y gagnant sa deuxième citation. Les 7e et 8e batteries contribuent semble-t-il à repousser les attaques allemandes dans le secteur de Braine (vingt kilomètres à l’est de Soissons). Les 30 et 31 mai, la 7e D.I. s’engage sur le flanc gauche de la 28e D.I., pendant que la 44e Division se place à sa droite. La 28e Division resserre son dispositif sur le Chemin des Dames à l’ouest de Cerny-en-Laonnois, et les trois batteries se regroupent à Vailly (dix kilomètres au nord de Braine). Le 4 juin après la chute de Dunkerque, les Allemands détournent leur effort vers le sud. Les batteries dirigent leurs tirs vers le canal de l’Ailette et le nord du Chemin des Dames. Le 5, malgré les contre-attaques de l’infanterie et de quelques chars, la Division doit se replier au sud de l’Aisne. Le 7, les Allemands longtemps ralentis par les efforts français, franchissent l’Aisne et créent une poche dans la région de Sermoise (dix kilomètres à l’est de Soissons). Les trois batteries sont rattachées à la 45e D.I. qui, relevée sur ses positions par la 44e, reçoit la mission d’établir une ligne de défense entre Fère-en-Tardenois (vingt kilomètres au nord-est de Château-Thierry) et Bazoches, à l’ouest de Fismes (vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Reims). Mais attaquée lors de sa mise en place le 9 juin, la 45e Division est disloquée. La 44e D.I., regroupant les reliquats des 28e et 45e Divisions, mène des combats défensifs tout en retraitant à travers la Montagne de Reims pour échapper à la capture, et franchit la Marne à Epernay le 11. L’infanterie, appuyée par l’artillerie repousse les tentatives allemandes de franchissement en bombardant sans répit les ponts de Damery (cinq kilomètres à l’ouest d’Epernay) et de Reuil (quinze kilomètres à l’ouest d’Epernay), mais doit finalement se replier sur Vertus (vingt kilomètres au sud-est d’Epernay). La 9e batterie est capturée le 17 à Griselles, près de Laignes, la 8e batterie est capturée vers Nicey, et la 7e batterie doit rendre les armes à Barjon, près de Grancey-le-Château (environ cinquante kilomètres au nord-est de Dijon).

 

 

Le 212e dans les combats du Nord

 

Le 19 mai, conformément aux ordres reçus le 212e se met en marche vers Vertain. Le lieutenant Courtin du V/212 part reconnaître les lieux avec les véhicules automobiles du groupe. Le lieutenant Perret doit effectuer la même mission pour le VI/212, mais ne disposant pas d'une carte assez précise de la région, est contraint de demander son chemin : l'itinéraire indiqué n'est pas le plus court, fort heureusement car un itinéraire plus direct amènerait inévitablement la colonne dans les positions ennemies et comme le confirme plus tard un officier de cavalerie, Vertain est déjà aux mains des Allemands. Le capitaine Aubrée, commandant le groupe n'a pas la même chance : il est capturé avec plusieurs officiers de son détachement. La 18e batterie (capitaine Valentin) se met en marche pour tenter de gagner Valenciennes. La reconnaissance que mène le lieutenant Gollety pour les 16e et 17e batteries n'aboutit pas et le capitaine Soisson décide en fin de journée de gagner Somain (vingt kilomètres ouest de Valenciennes) où il suppose la présence du P.C. du Ve Corps, avec sa colonne. D'Artres (dix kilomètres sud de Valenciennes) où il a son P.C., le lieutenant-colonel Taton envoie le chef d'escadron Breiner à Vertain pour ramener les éléments de reconnaissance des lieutenants Courtin et Fleurance, et le lieutenant Laflèche au-devant de la colonne du régiment pour l'orienter vers Haveluy. Le lieutenant Laflèche est fait prisonnier mais à faire parvenir le message au V/212. Le chef d'escadron Breiner ne parvient pas à prendre contact avec les reconnaissances et sa voiture est attaqué par l’aviation allemande. Les V/212 et VI/212 que le chef d'escadron Breiner a pu rejoindre a Valenciennes, rejoignent Haveluy dans la soirée du 19 mai. Durant la nuit, les batteries reçoivent l'ordre de reprendre la route vers Douai ou Arras par Helesmes, Somain, et arrivent dans la région de Somain (vingt kilomètres ouest de Valenciennes) et s'installent : les 15e et 16e batteries à Fenain (nord de Somain), la 14e à Villers-Campeau, le VI/212 au complet dans une foret près de Bruille-les-Marchiennes (ouest de Somain). Après une journée de repos, les unités reçoivent un nouvel ordre de mouvement vers Orchies (quinze kilomètres nord de Somain), par Rieulay, Vred et Marchiennes. Dans la nuit du 20 au 21 mai, le régiment atteint Bouvignies. Les lieutenant Marchiennes et Courtin et leurs équipes rejoignent leurs groupes.

 

 

La défense de La Bassée

 

Le 22, les restes de la 43e D.I. reçoivent l’ordre de tenir la rive nord du canal de la Deûle et du canal d’Aire entre Wavrin (dix kilomètres au sud-ouest de Lille) et La Bassée (vingt kilomètres au sud-ouest de Lille et quinze kilomètres à l’est de Béthune). La Division est fortement réduite : un état-major et des services, l’état-major de la 4e Demi-Brigade de Chasseurs aux ordres du lieutenant-colonel Trouillet, le 1er B.C.P., très affaibli, une compagnie du 29e B.C.P., un bataillon, comprenant les reliquats du 158e R.I. et du 6e R.T.M., le 212e, la 6e batterie du 12e, une section de génie et les restes du P.A.D. Le 212e reçoit l'ordre de gagner Sainghin-en-Weppes, (sud-ouest de Lille) par Cappelle, Pont-à-Marcq, Avelin, Seclin, Gondecourt et Wavrin. Après une nuit de marche, les éléments de tête atteignent Sainghin à l'aube. Le soir la 16e batterie se met en position à Wicres (5 kilomètres au nord-ouest de Sainghin). Le 24 une batterie de 75, composée de deux pièces de la 6e batterie et d’une pièce du 33e Régiment d’artillerie nord-africain, renforce la 16e batterie. Le V/212 reçoit l’ordre de se mettre en position entre Wavrin, Fournes et Sainghin. En fait le chef d’escadron Breiner fait disposer ses batteries dans les lisières sud de Sainghin : la 13e et la 14e batterie face à La Bassée, la 15e batterie face au nord. Le 1er B.C.P. se place en môle antichar à Sainghain, face à l’ouest et au sud-est. Le 25 mai, en vue d’une éventuelle attaque contre le canal de la Bassée, le V/212 reçoit l’ordre de se porter dans la région de Willy pour appuyer le G.R. 7, rattaché à la 43e Division le jour-même. La zone de déploiement attribuée au groupe étant déjà occupée par des unités d’artillerie britannique, le commandant du Ve groupe décide de se remettre en position à Sainghin. Après le départ des éléments britanniques, les 13e et 15e batterie se mettent en batterie à Willy dans la nuit, la 14e batterie restant à Sainghin, pour éviter de se déplacer en plein jour. Le 26, les positions de Willy sont subissent un bombardement de l’aviation et de l’artillerie allemande : le lieutenant de Rodellec est tué. La 14e batterie assure plusieurs tirs contre le canal de la Bassée. Le groupe reçoit l’ordre de reconnaître une nouvelle position au sud de Herbes. Le 27, le V/212 se regroupe à Herbes. Peu après, les chars allemands franchissent le canal à l’est et à l’ouest de la ville, enfonçant une défense anglaise débordée. Le G.R. 7 se replie à son tour vers Herbes, laissant les batteries en première ligne. Dans l’après-midi le Ve et le VIe groupes se replient vers Ennetières, puis vers Armentières et Bailleul où le Régiment subit un bombardement aérien qui fait plusieurs blessés et endommage les matériels.

 

 

Le repli vers la poche de Dunkerque

 

Le 28, la 43e Division est dissoute, le 212e est rattaché à la 32e D.I., dont le P.C. est installé dans la région de Bailleul. Le 29, le 212e reçoit l’ordre de suivre le mouvement général de repli vers Dunkerque. Le mouvement est lent et pénible. La route est encombrée de colonnes et à plusieurs reprises le Régiment doit subir les attaques allemandes : bombardement à Westouter, harcèlement de parachutistes à Waton, attaque d’un char à Poppering. Les deux Groupes gagnent Ondschoote puis Moere, où ils bivouaquent. La 16e batterie, laissée en position près de Fromelle, a gagné Englos, puis Malo-les-Bains, où elle parvient le 30. Le lieutenant Perret, qui commande la batterie, reçoit l’ordre de mettre ses pièces en position au nord de Teteghem. Quelques heures plus tard, le capitaine Soisson, commandant la 17e batterie, qui a réussit à rétablir la liaison avec le PC du 212e, lui transmet l’ordre de gagner Dunkerque pour embarquer avec les deux autres batteries du VI/212. Le V/212 quitte Moere et se regroupe à Rosendael, près de Malo-les-Bains. En fin d’après-midi, le commandant de Groupe reçoit l’ordre de se rendre à Dunkerque pour embarquer. Le 31 mai, le lieutenant Perret et le lieutenant Buchert, sans nouvelle des 17e et 18e batteries partent en reconnaissance. Ils découvrent le capitaine Soisson et le capitaine Valentin (18e batterie) tués sur le bord de la route, ainsi que de nombreux blessés. Les deux officiers dirigent les unités vers les quais et les font embarquer. La 15e batterie embarque dans l’après-midi et débarque au Havre. Une partie de la 16e batterie, embarquée sur un chalutier débarque à Cherbourg. Le reste du 212e débarque à Douvres ou Folkestone et est acheminé par voie ferrée vers Weymouth, où il est rejoint par un détachement composé de personnels du 12e et du 212e aux ordres du capitaine Kirchen. Le 2 juin, le 212e embarque sur “ l’Arkangel ” et se dirige vers Brest. Le 4 il est regroupé à la Chapelle-Yvon (Calvados). Les nombreuses pertes imposent la réorganisation des unités. Après de nombreux déplacements, le Régiment embarque le 14 sur le train à Morteau et se dirige vers le sud. Le 17, à l’aube, cinq avions ennemis attaquent le train arrêté en gare de Rennes. Un train de munitions stationné sur une voie voisine explose, deux citernes d’essence prennent feu. Le 212e subit de nombreuses pertes, ainsi que le 22e R.A.D. et un train de Britanniques eux aussi arrêtés à Rennes. Les personnels du 212e sont regroupés dans une caserne de la ville et détruisent les derniers matériels sauvés à Dunkerque. Dans la soirée, ils embarquent avec des éléments du 203e R.A.L.D. et du 233e R.A.L.D. Dans la nuit, le train quitte Rennes pour Angoulême, où il arrive le 21. Le 22, après un bref passage à Bordeaux, le Régiment arrive à Coarraze et Nay, d’où il doit gagner à pied Angaïs, qui lui a été attribué comme cantonnement.

 

Le 23, le Régiment s’installe, fait évacuer ses blessés vers Pau. Les pertes sont importantes :

 

 

V/212 :

tués : 4

blessés : 96

évacués : 17

disparus : 63

égarés : 64

total : 244

 

VI/212 :

tués : 18

blessés : 72

évacués : 21

disparus : 174

égarés : 47

                         total : 332

 

 

Le 25 juin, la fin des hostilités est annoncée. Le 7 août, le 212e Régiment d’artillerie est dissous.

 

 

 

Les éléments isolés du 12e dans le Nord

 

La 6e batterie s'est installée le 20 mai en DCB au carrefour de Floricamp. Dans la nuit du 20 au 21, une section est dirigée vers Bettignies pour renforcer la défense du village assurée par les éléments du 84e R.I.F., la batterie laissant un élément (deux pièces aux ordres du sous-lieutenant Garnier) en place pour continuer les tirs de harcèlement sur Maubeuge et les hameaux des Camps perdus, pour protéger la retraite des fantassins de la Division.

 

Le gros de la batterie (première section de tir, services généraux), aux ordres du lieutenant Loiseau, renforcée d'une vingtaine de fantassins de la compagnie d'appui du III/158, marche toute la nuit et atteint à l'aube Taisnières (nord-est de Bavay). Dans la journée elle se replie vers l'ouest et reprend contact le soir même avec ses éléments laissés au carrefour de Floricamp et que le colonel André a autorisé a quitter le dispositif, après lui avoir fait exécuter plusieurs tirs sur Maubeuge et les Camps perdus. La batterie se dirige vers Bruay où subsiste le seul pont permettant de traverser l’Escaut. En fait ordre est donné de tenir sur l’Escaut et la batterie doit rebrousser chemin et gagner Somain, où le lieutenant Loiseau fait cantonner son unité pour lui donner quelques heures de repos bien méritées : les chevaux n’ont pas été déharnachés depuis le 17, les hommes sont à cheval depuis le départ de Mairieux, soit presque trente-six heures. La batterie a conservé la majeure partie de son matériel, dispose de quelques obus et surtout d’un bon moral car chacun est persuadé que la chance qui a accompagné la batterie dans son périple ne l’abandonnera pas maintenant. En fin d’après-midi, le village subit un bombardement par l’aviation et l’artillerie. La batterie doit se remettre en marche, de nuit, guidée par le sous-lieutenant Garnier qui, à bicyclette et seulement doté d’une carte Michelin, éclaire la progression de l’unité sur l’itinéraire Hornaing, Wandignies, Warlaing, Tilloy, Beuvry, Orchies et enfin Auchy. Le lieutenant Loiseau cherche à reprendre contact avec le P.C. de la 43e Division, censé se trouver à Capelle et ne trouve que celui de la 10e D.I., la 43e s’étant déplacé vers l’est. Le chef d’escadron Simon (nouvellement promu), commandant le III/12, est resté à Bavay dans l’espoir de voir enfin débarquer les batteries de son Groupe et a finalement suivi la Division. Il tente de rassembler les éléments épars du 12e : B.H.R., C.R. des trois groupes, 6e batterie et éléments échappés du dispositif. Il reconstitue un IIIe Groupe à deux batteries : la 5e batterie aux ordres du lieutenant Martin, comprenant une section du 33e R.AN.A., renforcée d’une pièce de la 6e batterie, et de la 6e batterie, à trois pièces, aux ordres du lieutenant Loiseau. Le Groupe est rattaché au 212e, présent dans le secteur. Le 25, le Groupe se met en position à Marquillies pour appuyer la 4e Demi-Brigade de Chasseurs, qui sous les ordres du lieutenant-colonel Trouillet, regroupe tous les fantassins échappés des combats de Maubeuge pour continuer la lutte. Durant toute la journée les deux batteries procèdent à des tirs de barrage, de harcèlement et d’arrêt contre les troupes allemandes qui progressent au sud du canal de la Bassée. Le lendemain, renforcé d’une batterie du 11e R.A., le Groupe prend position à Wicres, (le P.C. est installé dans le parc du château de la distillerie Béghin) et reprend ses tirs de harcèlement. Le 27, les Allemands franchissent le canal de l’Aire et l’infanterie française doit se replier. En fin de journée, le III/12 reçoit un ordre de repli vers Armentières puis Bailleul. Là, un bombardement de l’aviation allemande provoque sème le désordre : plusieurs blessés, des attelages détruits. Le chef d’escadron Simon donne l’ordre de se diriger vers Berthen et Poperinghe, l’objectif étant d’atteindre la cote pour échapper à l’encerclement. Le mouvement s’arrête à Berthen : la localité est saturée de véhicules français et britanniques qui cherchent un chemin de repli, et il est impossible de contourner par les champs, détrempés par la pluie. Les unités immobilisées abandonnent véhicules et matériels pour poursuivre la route à pied ou à cheval. Au Mont des Cats, distant de quelques kilomètres seulement, les combats font rage. La 6e batterie ne possède plus qu’une pièce en état de tir, qui ne peut être mise en batterie, faute de carte et de renseignement précis sur la situation des troupes amies. La décision est prise d’abandonner le matériel sur place après l’avoir mis hors service et de continuer la retraite à cheval. Les canons sont déclavetés, les culasses démontées et dispersées, cachées, enterrées ou jetées dans les mares. Le 29, la 6e batterie est accidentellement dispersée dans la traversée du village de Watou, en plein chaos après un bombardement. Le lieutenant Loiseau d’un coté, le sous-lieutenant Garnier de l’autre, chacun prenant la tête d’une portion de la batterie, se dirigent vers la mer. Le groupe du lieutenant Loiseau perd la majeure partie de ses chevaux lors du franchissement du canal de la Basse-Colme et doit poursuivre à pied. Ils arrivent au “ camp ” de Bray-Dunes, près de Zuydcoote, pour se regrouper avec la 43e Division. La portion du sous-lieutenant Garnier, après avoir du abandonner ses chevaux au pont de Hondschoote, tenu par les Anglais qui interdisent le passage aux troupes montées, parvient à atteindre Bray-Dunes, où elle fait la jonction avec le reste de la batterie, et avec les restes de la 43e D.I., dont le 212e. Le 31, le chef d’escadron Simon qui a pris le commandement des éléments du 12e, organise l’embarquement des unités à Dunkerque. Débarqué à Folkestone (hormis un petit détachement aux ordres du sous-lieutenant Garnier, qui, embarqué sur un autre navire, débarque à Douvres), le détachement est acheminé vers le camp de Warminster, qui abrite le 57th Heavy Regiment du Royal Tank Corps. L’armée britannique et les associations distribuent des vivres, des vêtements et même une avance de solde qui permet à chacun de faire les petits achats nécessaires. L’hébergement est excellent, sans parler du mess des officiers qui peut même être qualifié de luxueux. Cependant les nouvelles de la bataille de France sont mauvaises : l’armée belge a capitulé, Dunkerque et Calais ont été abandonnées, le front de la Somme est rompu, Paris subit les bombardements. Après ces quelques jours de repos, le détachement français embarque le 7 juin sur un paquebot anglais qui l’achemine jusqu’à Cherbourg. Le chef d’escadron Simon et la B.H.R. (capitaine Kirchen) sont installés à Tordouet, les 5e et 6e batteries à Saint-Cyr-du-Ronceray (15 kilomètres au sud-est de Lisieux). Le sous-lieutenant Garnier et son détachement, hébergés près de Weymouth, débarquent à Brest et en train rejoignent le reste de la 6e batterie en Normandie le 8 juin.

 

 

Le nouveau III/12

 

Le chef d’escadron Simon reconstitue un Groupe à trois batteries : la 4e batterie (lieutenant Schwartz) est formée des rescapés de l’ancien I/12, la 5e batterie (lieutenant Martin) a pour noyau les hommes de l’ancien II/12, la 6e batterie (lieutenant Loiseau) est pratiquement complète sauf quelques téléphonistes, la B.H.R (capitaine Kirchen) est complète, la 2e C.R. (lieutenant Viénot) absorbe le reliquat des 1ère et 2e C.R., auquel il faut ajouter l’ancienne 10e B.D.A.C. autour du capitaine Chabeuf. Le lieutenant-colonel Trouillet, qui commandait la 4e Demi-Brigade de Chasseurs, prend la tête du 158e R.I. qui regroupe toute l’infanterie de la 43e D.I.

 

Le 14 juin, le Groupe gagne Tassily (huit kilomètres au nord de Falaise), puis le 15, Morteau-Coulibœuf, d’où il embarque à destination d’Angoulême, précédé du 212e. Le déplacement est long et ponctué de nombreux arrêts : Argentan, Flers, Vire, Villedieu-les-Poëles, Avranches, Pontorson, Dol-de-Bretagne, Saint-Germain-sur-Ille. A Betton, les civils affolés parlent d’un terrible bombardement de la gare de Rennes. Quand le train arrive en gare, le spectacle est consternant : un train de munitions a explosé, provoquant de nombreuses victimes et des dégâts considérables. Le train repart par Messac, Pont-Château, Savenay, Nantes, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Saintes, Cognac, Angoulême et enfin La Rochefoucauld, où est installé le C.O.A.H. (Centre d’Organisation de l’Artillerie Hippomobile) à la disposition duquel est placé le Groupe. Après cinq jours de périple à travers l’Ouest de la France, les batteries s’installent à Saint-Sornin (E.M., B.H.R., C.R.) et dans les villages environnants des Chaumes (4e batterie et B.D.A.C.) et des Combes (5e et 6e batteries).

 

 

Le IV/75

 

Le 21 juin le chef d’escadron Simon parvient à convaincre le C.O.A.H. de ne pas disloquer le Groupe mais de l’employer constitué. Le 22, le III/12, hippomobile devient IVe Groupe (automobile) du 75e Régiment d’Artillerie de Division de Cavalerie, auquel il fournit aussi la B.H.R. aux ordres du capitaine Kirchen et sa batterie antichars aux ordres du capitaine Chabeuf. Le 75e est commandé par le lieutenant-colonel Piéron et comprend déjà un Ier Groupe de trois batteries de 75 auto à tracteurs tous-terrains, aux ordres du chef d’escadron Lachèvre. Déployant des trésors de débrouillardise et d’ingéniosité, le IV/75 s’équipe de bric et de broc : quelques vieux canons de 75 à roues bois-fer du précédent conflit, des chenillettes Kégresse, qu’il faut aménager pour le transport des munitions, des F.M. et des mitrailleuses Hotchkiss, quelques automobiles dépareillées. Le 23, les batteries quittent l’Arsenal d’Angoulême pour se rendre à Ruffec, pour appuyer la 3e Division Légère Mécanique, mais doit se replier vers le sud, Marsac puis La Roche-Chalais. Le 25 juin à 1 heure, l’armistice entre en vigueur et le Corps de Cavalerie auquel appartient le Groupe doit passer à l’est d’une ligne tracée vingt kilomètres à l’est de la voie ferrée Tours - Bordeaux. Le Groupe s’installe à Saint-Sulpice-de-Roumagnac (trente kilomètres à l’ouest de Périgueux). Le 29 les Allemands traversent Ribérac. Les troupes françaises doivent évacuer tous les villages distants de moins de six kilomètres de ceux dans lesquels stationnent les Allemands. Le Groupe doit donc de nouveau faire mouvement, vers le nord cette fois, pour s’installer autour du village de Saint-Victor-de-Dronne. Le 8 juillet, les hommes de la 4e C.R., capturés par les Allemands le 23, et détenus depuis au Camp de la Braconne, sont libérés : en effet leur capture est intervenue après la conclusion de la convention d’armistice. A partir de la mi-juillet, les premières mesures de démobilisation interviennent, touchant d’abord les classes les plus anciennes et certaines professions (cheminots, fonctionnaires des Ponts et Chaussées, etc.), puis s’étendant progressivement, en tenant compte de la classe de mobilisation, de la situation familiale, etc. Les véhicules et les matériels sont versés aux Parcs de Périgueux. Le Corps de Cavalerie est dissout, les unités sont démilitarisées. Les personnels d’active sont affectés au 98e R.A., régiment d’artillerie de la IXe Région (plus tard transféré au Camp de la Valbonne, où il prend le numéro 61) et au 35e R.A., régiment d’artillerie de la XIIe Région. Les personnels encore mobilisés sont réunis en “ groupes de démobilisés ”, eux-mêmes réunis en “ groupement ”. Le 7 août, le 75e R.A. est dissous.

 

 

 

Après plus de cent ans, le 12e Régiment d’artillerie est englouti les armes à la main, face à l’ennemi, sans avoir cessé de combattre, ni démérité.