Le 16 mars 1854, place Séraucourt, à Bourges, le général de brigade Tournier, commandant l’artillerie de la 19e Division militaire et ancien chef de corps du 12e, prononce la dissolution du 4e Régiment d’artillerie et annonce la création du 12e Régiment d’artillerie montée.
Il adopte l’organisation suivante :
ETAT-MAJOR
colonel Malus
lieutenant-colonel Levasseur
chef d’escadron Hubert de la Plâtrière, commandant l’artillerie à Calais
chef d’escadron d’Ouvrier de Villegly
chef d’escadron Couliboeuf de Blocqueville
chef d’escadron Pariset
chef d’escadron Hellouin de Menibus, commandant l’artillerie de la 3e division de l’Armée de Paris
chef d’escadron Champollion-Figeac, ministère de la Guerre, 2e division
chef d’escadron Couasnon
chef d’escadron de la Bonninière de Beaumont, raffinerie de salpêtre de Paris
major Pastourel
capitaine Bourdeau, trésorier
capitaine Couchard-Vermeil, instructeur d’équitation
capitaine Croux, adjudant-major
capitaine Maillard, adjudant-major
capitaine Bruley, officier d’habillement
lieutenant Serré, trésorier adjoint
BATTERIES
1ère (ex-6e du 4) capitaine Duquet
2e (ex-4e du 5) capitaine Robinot-Marcy
3e (ex-11e du 4) capitaine Vautré
4e (ex-6e du 5) capitaine Norès
5e (ex-8e du 8) capitaine Robin
6e (ex-9e du 8) capitaine Rime
7e (ex-4e du 4) capitaine d’Haranguier de Quincerot
8e (ex-5e du 4) capitaine Gary
9e (ex-7e du 4) capitaine Vidal
10e (ex-8e du 4) capitaine d’Hostel
11e (ex-9e du 4) capitaine Beaudoin
12e (ex-10e du 4) capitaine Meynard
13e (ex-3e du 5) capitaine Lafillière
14e (ex-5e du 5) capitaine Gobert
15e (ex-10e du 8) capitaine Renard
dépôt (ex-11e du 8) capitaine Tanneur
LA GUERRE DE CRIMÉE
Le Moyen-Orient est à partir de 1830 le théâtre d’une agitation grandissante. L’Egypte cherche à se dégager du poids de la tutelle turque. La Russie tente d’exploiter cette situation pour étendre son influence sur le Bosphore et l’empire ottoman, tentative que contre l’Angleterre, soucieuse de maintenir l’équilibre dans une région où ses intérêts sont nombreux.
Napoléon III, à partir de 1852, voit dans cette opposition anglo-russe une possibilité de revanche sur les coalisés de 1815, en s’alliant à l’une contre l’autre. Il soutient l’Eglise catholique pour conserver le protectorat sur les chrétiens de Turquie et les Lieux Saints de Palestine, que Nicolas I cherche à accaparer au nom du soutien aux populations orthodoxes de l’empire ottoman.
En janvier 1853, le tsar évoque devant l’ambassadeur anglais la Turquie, “ homme malade ” dont il faut se partager les dépouilles. La diplomatie échoue, la Russie envoie en mars de la même année un ultimatum à la Turquie et occupe en juillet les principautés roumaines. La France et l’Angleterre déclarent la guerre à la Russie le 29 mars 1854 et mettent sur pied un corps expéditionnaire.
La 2e batterie (ancienne 4e batterie du 5e Régiment d’artillerie), équipée de canons-obusiers de 12, débarque à Gallipoli fin avril, et constitue avec une batterie du 13e Régiment d’artillerie, l’artillerie de la 2e Division d’infanterie du général Bosquet. Elle adopte l’organisation suivante :
capitaine Robinot-Marcy, capitaine en premier
capitaine Michel, capitaine en second
lieutenant Pellé, lieutenant en premier
lieutenant Cahous, lieutenant en second
deux cent trente quatre sous-officiers et canonniers
deux cent quatorze chevaux.
La section de fuséens de la 4e batterie est rattachée à la réserve générale d’artillerie du corps expéditionnaire :
capitaine Norès, capitaine en premier
lieutenant Harel, lieutenant en premier
quatre vingt un sous-officiers et canonniers
dix chevaux, quarante-cinq mulets, six affûts et trois cents fusées.
Pendant trois mois les troupes s’entraînent à Gallipoli, avant de rejoindre Andrinople puis Varna en juin. La 2e batterie s’installe à Ienikeny avec deux bataillons du 3e Zouaves et une section du génie. Afin de soustraire ses troupes au choléra qui a fait son apparition dans les bivouacs, tout en trompant les Russes sur ses véritables intentions, le maréchal de Saint-Arnaud décide une expédition vers la Dobroudscha. Les seuls combats de cette brève campagne sont le fait des Spahis du général Yusuf qui au cours des reconnaissances accrochent les patrouilles de Cosaques de l’avant-garde russe.
En août, le corps expéditionnaire embarque pour la Crimée et débarque à Old-Fort, au sud d’Eupatoria. Le 19, les troupes se mettent en mouvement vers Sebastopol, à peine retardées par quelques reconnaissances de la cavalerie russe.
La bataille de l’Alma
Le 20 septembre, les Alliés déclenchent l’attaque contre les positions russes fortement défendues de la rive gauche de l’Alma.
La 2e Division du général Bosquet, renforcée de huit bataillons turcs et d’un escadron du 1er régiment de Chasseurs d’Afrique, forme l’aile droite qui a pour mission de s’emparer des hauteurs et de déborder le flanc gauche des Russes. La 1ère Division (général Canrobert) est au centre, la 3e Division (prince Napoléon) forme l’aile gauche renforcée par la 4e Division (général Forey), la réserve générale d’artillerie est en retrait derrière la 1ère Division.
La 2e Division atteint l’Alma, le 3e Zouaves gravit la pente pour déloger les tireurs isolés, bientôt suivi par le 50e d’infanterie de ligne, les tirailleurs algériens et la 2e batterie qui a réussi à hisser ses pièces par un chemin jugé inaccessible par les Russes et donc mal défendu. La contre-attaque russe ne se fait pas attendre : le général Menchikoff lance contre la 2e Division, huit bataillons d’infanterie, huit escadrons de cavalerie et cinq batteries d’artillerie. La 2e batterie bientôt à court de munitions a déjà ralenti le rythme des tirs lorsque les deux batteries de la 1e Division, renforcées de l’artillerie à cheval de la réserve générale, brisent les élans russes.
La 2e batterie a tiré près de trois cents obus, perdu deux hommes (maréchal des logis Petitjean et 1er canonnier Simon) et compte neuf blessés. Le capitaine Robinot-Marcy et le maréchal des logis Encoignard sont faits chevaliers de la Légion d’Honneur, les brigadiers Bourgeois et Paraut, le 1er canonnier Vendraud et le canonnier Janin sont décorés de la Médaille Militaire.
La section de fuséens n’est pas engagée dans la bataille de l’Alma, mais participe au siège de Malakoff. Elle est engagée en mai dans expédition de Kertsch, à l’est de la Crimée et joue un rôle important dans le siège de Sebastopol grâce à la portée de ses fusées. En novembre 1854, un détachement d’une vingtaine de canonniers aux ordres du maréchal des logis Frissard, participe à la bataille d’Inkermann. En juin 1855, la batterie participe à l’attaque des ouvrages du Mamelon Vert et de Malakoff, provoquant avec ses fusées plusieurs départs d’incendies dans les positions russes, dont un dépôt de munitions et un parc d’artillerie. En septembre, c’est une barge chargée de trois tonnes de poudre qui est touchée, provoquant des dégâts considérables.
D’autres batteries du régiment participent aux opérations.
Le 11 novembre 1854, une division est ajoutée à l’Armée d’Orient. Les 13e et 14e batteries du 12e Régiment d’artillerie, aux ordres du chef d’escadron Pariset forment l’artillerie de cette 8e Division (général de Salles).
13e batterie :
capitaine Lafillière, capitaine en premier
capitaine Danse, capitaine en second
lieutenant Rabatel, lieutenant en premier
sous-lieutenant Dornier, lieutenant en second
14e batterie :
capitaine Gobert, capitaine en premier
capitaine Chastaignier de Lagrange, capitaine en second
lieutenant Thévenin, lieutenant en premier
lieutenant Darcy, lieutenant en second
Les deux batteries ont le même effectif de deux cent-quarante neuf sous-officiers et soldats et sont armées de canons-obusiers de 12.
Lorsque, le 2 mars 1855, l’Empereur décide qu’une armée de réserve sera formée à Constantinople, la 3e Batterie du 12e est désignée pour former, avec la 3e Batterie du 10e, l’artillerie de la 1ère Division, sous les ordres du Commandant Barth.
Cette batterie, d’abord détachée à Lyon, quitte cette ville le 20 mars, pour se rendre à Avignon, puis à Marseille, d’où elle embarque le 11 avril.
La batterie, d’un effectif de deux cent quarante huit hommes et deux cent vingt chevaux, est placée sous les ordres du capitaine Vautré, du capitaine Duport capitaine en second, du lieutenant Borély lieutenant en 1er et du sous-lieutenant Maugin lieutenant en 2e.
Equipée de canons-obusiers de 12, la batterie débarque en Crimée du 14 au 19 mai.
La bataille de Tracktir
Le 16 août, vers quatre heures et demie, la 3e batterie, qui est campée avec la division sur les monts Fédiouchine, est avertie que les Russes s’avancent en masse et que leur principal effort se porte sur le pont de Tracktir. Les chevaux sont garnis en toute hâte et les pièces, dès qu’elles sont attelées, partent au trot pour se porter sur un plateau situé sur les hauteurs au-dessus du pont. La 6e pièce, commandée par le maréchal-des-logis Sicard part la première, rapidement suivie par la 1e pièce, commandée par le maréchal-des-logis Lalla, puis par les quatre autres pièces.
Lorsque l’infanterie, chargée de défendre le pont, doit se replier et remonter les pentes du mamelon suivie par les Russes, la batterie tire ses obus à balles et n’amène les avant-trains que lorsque les pièces sont rejointes par les Français.
La pièce de droite, dont les chevaux ont été tués, est sur le point de tomber aux mains des Russes, lorsqu’un bataillon descendant les pentes au pas de course, charge à la baïonnette et repousse l’ennemi. Les canonniers s’attellent eux-mêmes à la pièce pour la remonter sur le haut du mamelon.
Le lieutenant Maugin, détaché à un chantier à plusieurs kilomètres du lieu des combats, accourt au galop pour prendre le commandement de sa demi-batterie.
Quand les Russes sont refoulés au-delà du pont, la batterie tire obus et boulets sur les colonnes qui se reforment dans la plaine et sur l’artillerie russe qui dirige contre nos troupes un feu meurtrier. La batterie ne cesse le feu que lorsque les Russes sont hors de portée. Elle a tiré trois cent-soixante treize coups entre cinq et dix heures, constamment exposée au feu ennemi.
Le capitaine Vautré et le lieutenant Borély sont blessés tous les deux. Sur les quatre vingt quinze hommes présents, vingt trois sont blessés dont trois mortellement.
La 3e batterie est récompensée de sa belle conduite par une croix de la Légion d’Honneur, donnée au lieutenant Borély, et par onze Médailles Militaires.
Sébastopol est évacuée par les Russes le 9 septembre 1855, le traité de Paris est signé le 30 mars 1856 et met fin à la guerre. Les cinq batteries du Régiment embarquent en mai pour rentrer en France, sauf la 4e batterie qui rejoint la 1ère batterie en Algérie où de nouvelles opérations l’attendent.
Les fusées de guerre
En 1801, le colonel William Congreve (1772-1828), de la Compagnie des Indes, étudie les fusées récupérées par l’Armée anglaise après le siège de Seringapatam. Ayant lui-même subi les feux de ces fusées, il devine leur intérêt militaire, pour peu que l’on puisse améliorer la portée et la précision des médiocres fusées indiennes. En 1806, les premières fusées “ à la Congreve ” sont utilisées contre les Français à Boulogne, puis en 1807 contre les Danois à Copenhague. En 1809, un navire anglais chargé de fusées s’échoue sur l’île d’Aix et tombe aux mains des Français, qui sont dès lors en possession d’une partie du secret. L’autre partie parvient en 1813 par des voies plus détournées, le capitaine d’artillerie Brusselle de Bruslard, appartenant au corps d’armée du maréchal Davoust, se procurant auprès des Danois, par des moyens que les historiens ignorent mais que la morale réprouve probablement, une amélioration des fusées anglaises déversées en nombre (plus de 40.000 !) sur Copenhague en 1806, amélioration due à l’astronome et physicien Schumacher, aide de camp du roi du Danemark. Munis de ces différents éléments et conscients à leur tour de la valeur militaire de cette invention, les Français se lancent dans l’aventure de la fusée de guerre.
Les premières fusées françaises (1810 à 1826)
Dés 1810, les Français commencent à fabriquer des fusées, en utilisant les travaux du chimiste d’Arcet sur la composition des charges. Les fusées sont des copies des fusées anglaises « à la Congreve » saisies sur l’île d’Aix. Ces fusées sont en calibre de 2, 2,5 et 3,5 pouces. Après les arsenaux de Toulouse et Toulon, c’est l’Ecole pyrotechnique de Metz qui en assure la fabrication. L’utilisation de ces fusées en 1823 au siège de Cadix ne suscite pas d’enthousiasme chez les artilleurs français, malgré une portée supérieure aux fusées anglaises et autrichiennes de l’époque : la fusée de 3,5 pouces atteint alors 4.000 mètres. Ce manque d’engouement est la cause probable de l’abandon pour plusieurs années des fusées.
La génération « Bedford » (1827 à 1845)
En 1827, l’ingénieur anglais Bedford propose ses services au gouvernement de Charles X et collabore jusqu’en 1845 aux travaux de l’école de pyrotechnie de Metz, apportant les secrets des fusées anglaises. Dés 1828, un rapport signale que « la marche des fusées du sieur Bedford est déjà assez régulière pour que lancées par des artilleurs spécialement exercés à ce genre de tir, on puisse en obtenir assez de justesse pour un emploi avantageux à la guerre. »
En 1829, les ingénieurs français améliorent la charge propulsive de la fusée par des charges plus vives permettant un allumage en un quart de seconde au lieu des deux secondes de la charge Bedford. En 1840 les trois calibres de 2, 2,5 et 3,5 sont désignés sous le nom de fusées de 5, 7 et 9. Le boulet à balles est remplacé par un boulet explosif plus puissant.
En 1837, la doctrine de l’artillerie prévoit d’utiliser les fusées pour remplacer les canons dans les positions jugées inaccessibles. En 1841, la 6e batterie du 5e Régiment d’artillerie est affectée à Metz, sous l’appellation de « batterie de fuséens ».
Le système « 1849 » (1846-1855)
En 1845, Bedford quitte l’école de pyrotechnie, laissant derrière lui une équipe d’ingénieurs formés à la technique des fusées, qui apportent de nouvelles améliorations.
Le capitaine Rouge remplace la longue baguette stabilisatrice par une baguette plus courte, cannelée, et recouverte de métal, ce qui améliore la stabilité du projectile. La fusée de 9 est abandonnée car jugée trop lourde et d’une manipulation dangereuse (le capitaine Rouge est tué en 1848 par une fusée). Le calibre 5 (54 mm) est conservé pour l’artillerie de campagne et le calibre 7 (66 mm) pour l’artillerie de position.
En 1854, Napoléon III demande au colonel Susane, qui commande l’école depuis 1852, de construire des fusées capable de porter à 5.000 mètres et davantage. En quelques mois, plusieurs prototypes sont prêts et sont utilisées pour la campagne de Crimée, ce qui constitue une prouesse technique : passer en moins d’un an du projet à l’utilisation opérationnelle en guerre. Quatre types de fusées sont ainsi réalisés :
- une fusée de 9, d’une portée de 5.700 mètres, propulsant différentes charges : boite explosive de 12, obus de 16 ou chapiteau incendiaire de 9,
- une fusée de 12 « court », d’une portée de 7.000 mètres, propulsant un chapiteau explosif de 14, un obus de 16 ou de 22,
- une fusée de 12 « long », d’une portée de 7.500 mètres, propulsant des obus de 14, de 16 (avec une charge explosive de 7 kg), de 22 ou une bombe de 27 cm,
- une fusée de 70 mm, destinée à l’artillerie de siège, propulsant un chapiteau explosif de 12 ou 14, un chapiteau incendiaire de 9 ou une boite à mitraille (shrapnell) de 40 éclats.
En mars 1854, la 6e batterie du 5e Régiment d’artillerie prend la dénomination de 4e batterie du 12e Régiment d’artillerie pour assurer le service des fusées de guerre, au même titre que la 1ère batterie du 2e Régiment d’artillerie et la 5e batterie du 11e Régiment d’artillerie.
Le système « 1856 » (1856-1866)
Les fusées de 7 et de 12 « court » sont abandonnées, la fusée de 6 (60 mm) est créée. La fusée de 9 reçoit de nouvelles charges interchangeables : boite incendiaire de 9 cm, boite éclairante de 16 puis de 25 cm, boite explosive ou obus ogival de 12 cm. La fusée de 12 « long » est conservée, ses projectiles sphériques sont remplacés par des projectiles ogivaux explosifs.
En 1862 est adoptée la fusée « modèle 1856 », ultime avatar français de la technologie de la roquette. Sa charge est un obus ogival de 9, rempli de 130 grammes de poudre déclenchées par un système dit « d’espolette à cinq durées ». Les durées sont indiquées par quatre rubans en tissus (rouge, bleu, noir, gris) accrochés sur la tête de la fusée, chacun bouchant une « espolette » de longueur différente. Le fait d’arracher un ruban débouche l’évent correspondant, ce qui règle la distance à laquelle le projectile doit exploser : rouge pour une distance de 600 mètres, bleu pour une distance de 1.200 mètres, noir pour une distance de 1.800 mètres, et gris pour une distance de 2.400 mètres, l’obus explosant à 3.000 mètres, en fin de course, si aucun ruban n’est arraché.
Il s’agit du dernier perfectionnement français en matière de fusée de guerre : le 27 juillet 1872, une décision ministérielle supprime les fusées de guerre, entérinant l’abandon déjà effectif depuis plusieurs années.
Pendant la Grande Guerre les fusées refont brièvement leur apparition : les fusées « Le Prieur » sont utilisées par l’aviation pour chasser les dirigeables allemands.
L’avenir de la fusée de guerre
L’abandon des fusées est du à plusieurs causes.
- Les progrès du canon rayé, améliorent les portées et la précision, rendant les fusées obsolètes.
- Fort peu de personnes s’intéressent aux possibilités militaires de l’arme et les recherches menés par l’école de Metz n’aboutissent pas toujours à des applications pratiques, les projets restant le plus souvent à l’état de prototype, par manque de financement ou de réelle volonté.
- Les fusées sont rarement utilisées dans de bonnes conditions. Sir Congreve préconisait un emploi massif des fusées, en créant des unités de cavalerie dotées de fusées légères :
« chaque cavalier peut porter dans ses fontes quatre fusées de 6 livres, équivalant chacune à la puissance et à la portée d’un boulet de 6. Un cavalier sur trois portera le tube lance-fusées, guère plus lourd qu’une carabine. 1.000 hommes ainsi armés disposeront de 300 tubes et de 4.000 projectiles... Un ou deux régiments de ce type pourraient décider du sort d’une bataille. »
En fait elles sont surtout utilisées comme complément des canons : à Sébastopol les fuséens français tirent 3.500 fusées, contre 2.128.000 projectiles d’artillerie. Mal utilisées, on en déduisit hâtivement qu’elle ne présentait pas d’intérêt. L’artillerie française commet la même erreur en sous-estimant en 1870 les indéniables qualités de puissance et de souplesse du canon à balles « de Reffye », ce qui conduisit par la suite à délaisser cette arme, d’où le retard français en matière d’armes à grande cadence de feu en 1914.
Pourtant, malgré le mauvais usage qui est fait des unités de fuséens, les exemples de réussite ne manquent pas.
Les fuséens français du capitaine Harel s’illustrent particulièrement lors du siège de Sébastopol, où 3.500 fusées sont lancées contre la ville et le port. Le 17 juin, à la veille du premier assaut, les fusées provoquent d’importantes pertes dans les régiments russes. Le 7 septembre, une roquette provoque l’explosion du dépôt d’artillerie, provoquant un incendie qui manque de faire exploser la poudrière du fort Saint-Nicolas.
En octobre 1860, les fuséens permettent la prise du pont de Palikao, ouvrant la route de Pékin au corps expéditionnaire français.
Quand elles sont utilisées dans un rôle d’engins incendiaires au cours des sièges (Copenhague, Sébastopol) et dans leur rôle d’armes de dispersion contre les attaques de cavalerie (Kabylie, Chine), par des tirs massifs contre des objectifs denses et concentrés, les fusées se révèlent une arme redoutable et d’une grande efficacité tactique.
L’utilisation des lance-roquettes (nebelwerfer, katiouchas) pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis la réintroduction des lance-roquettes multiples (MLRS, BM21) dans les armées modernes prouvent la valeur et l’actualité du concept.
LA FRANCE
En juillet 1854, l’empereur Napoléon III décide la formation du Camp du Nord à Saint-Omer, manoeuvres qui mettent en oeuvre trois corps d’armée.
Les 5e et 6e batteries constituent aux ordres du chef d’escadron Hellouin de Ménibus, l’artillerie de la 1ère Division du Ier Corps d’Armée.
La 7e batterie est rattachée à l’artillerie de la 2e Division du IIIe Corps d’Armée.
Les 13e et 14e batteries forment sous les ordres du chef d’escadron Pariset l’artillerie de la 1ère Division du IIIe Corps.
Le Camp est levé en octobre et les batteries rejoignent Bourges, exceptées les 13e et 14e batteries qui se préparent à rejoindre l’Armée d’Orient en Crimée.
Le 14 septembre 1857, le Régiment reçoit l’ordre de quitter Bourges pour rejoindre Besançon.
L’AFRIQUE DU NORD 1857-1860
La Grande Kabylie 1857
Le corps expéditionnaire aux ordres du maréchal Randon comprend trois divisions d’infanterie, respectivement commandées par les généraux Renault, Mac-Mahon et Yusuf et renforcée chacune d’une section de fuséens de la 4e batterie. Le corps est rassemblé en mai 1857 à Tizi-Ouzou d’où doivent partir les colonnes. Après trois mois d’opérations de pacification contre les tribus rebelles, la campagne est un suces.
La 9e batterie remplace la 1ère batterie en janvier 1858, après dix années de présence et d’opérations en Algérie qui lui valent un hommage du général Randon, gouverneur général
L’expédition du Maroc
En septembre 1859, le Régiment détache deux sections auprès du corps expéditionnaire du Maroc, commandé par le général de Martimprey. Une section de fuséens de la 4e batterie est intégrée à l’artillerie de la 1ère Division (général Walsin-Esterhazy), une section de la 9e batterie dotée d’obusiers de montagne est rattachée à l’artillerie de la 2e Division (général Yusuf).
Débarqué à Oran le 4 octobre, le corps expéditionnaire se met en marche le 17, et très vite, malgré les ravages du choléra, les deux divisions sont engagées dans les opérations de pacification. Lors de l’assaut de la 2e Division contre les Béni-Srassen le 27 octobre, la section de la 9e batterie apporte à l’infanterie un appui « aussi habile qu’intelligent », selon les termes mêmes du général Yusuf. De leur coté, les fuséens contribuent par leurs feux décisifs à la prise du col d’Aïn-Tafouralt, méritant l’éloge du général de Martimprey, qui cite en exemple au corps expéditionnaire le capitaine Jacquot, commandant l’artillerie de la 1ère Division, le lieutenant Dulon, chef de section, le maréchal-des-logis Corbeil et le brigadier Halter. Après plusieurs semaines consacrées à des travaux de construction de routes, le corps expéditionnaire est dissous. Le capitaine Jacquot prend le commandement de tous les détachements d’artillerie jusqu’à leur retour dans leurs garnisons.
Expédition de la Kabylie orientale
Le 2 mai 1860, la 3e section de la 9e batterie est détachée au corps expéditionnaire, qui placé sous les ordres du général Desvaux, est envoyée en Kabylie.
Judicieusement employés par un chef expérimenté, les fuséens du lieutenant Dulon rendent de précieux services aux troupes appuyées.
« Le 14 juin, dans la marche de Fedj-el-Arba sur Taffentat, l’avant-garde était formée par un bataillon d’infanterie et la section. Partie un quart d’heure avant la colonne, elle avait ordre de s’établir sur la crête voisine du col de Fedj-Menazel pour protéger le défilé du gros.
A peine arrivée en position, elle trouvait devant elle, à petite distance, un grand nombre de Kabyles qui se disposaient à se jeter sur le convoi. Les fuséens ouvrirent aussitôt le feu avec des fusées à balles qui éloignèrent l’ennemi ; puis ils continuèrent avec des fusées à obus jusqu’à ce que celui-ci eût disparu au delà de 3.000 mètres. La colonne put ainsi arriver sans encombre au bivouac d’El-Aroussa. [...] Le lendemain, ils arrivaient en même temps que les colonnes d’assaut sur les sommets des Béni-Khettob. Immédiatement mis en batterie, leurs affûts aidèrent , par un tir à obus, à achever la déroute des Kabyles. » (capitaine Pralon « Étude rétrospective sur les fusées de guerre en France », Revue de l’Artillerie, 1882)
Après avoir participé à toutes les opérations du corps expéditionnaire, la batterie rembarque à Alger le 6 octobre pour regagner Besançon.
LA GUERRE D’ITALIE
1859
La révolution de 1848 s’achève en Italie sur un échec des nationalistes, qui cependant continuent à s’agiter contre la présence autrichienne. Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, s’emploie avec son ministre Cavour à fédérer ces oppositions. La participation de ses forces à la guerre de Crimée aux cotés des alliés, lui permet de se placer en position favorable, renforcée par une alliance avec la France en 1858. Le 29 avril, l’Autriche entre en guerre contre le Piémont-Sardaigne.
Dés le 15 avril, l’Armée française a préparé la mise sur pied de ses troupes. La 12e batterie stationnée à Auxonne et les 13e et 14e batteries stationnées à Besançon, rejoignent Lyon où stationne déjà la 11e batterie. Le 24, l’Armée d’Italie est constituée :
Ier Corps : maréchal Baraguey d’Illiers
IIe Corps : général de Mac-Mahon
IIIe Corps : maréchal Canrobert
IVe Corps : général Niel
Armées du nouveau canon rayé de 4, la 11e batterie est rattachée à la 1ère Division du IIIe Corps, la 12e batterie à la 3e Division du Ier Corps, la 13e batterie à la 1ère Division du IVe Corps.
Armées de l’ancien canon-obusier de 12, la 15e batterie est rattachée à la réserve d’artillerie du IVe Corps et la 14e batterie à la réserve générale de l’Armée d’Italie.
La 4e batterie de fuséens est mise en alerte à Alger. Organisée en quatre sections, elle doit être répartie entre les quatre réserves d’artillerie des corps. Des délais d’acheminement trop longs ne lui permettent d’arriver que le 25 juin, lendemain de la bataille de Solférino. Elle rembarque pour Alger début août, sans avoir été mise à contribution.
Le 26 avril, les batteries quittent la France pour rejoindre Alexandrie (entre Turin et Gènes), la 11e par le Mont Cenis, la 13e par Saint-Jean-de-Maurienne, la 12e par bateau par Gènes, les 14e et 15e batteries ne rejoignant le reste de l’Armée que mi-mai.
Napoléon III prend le 12 mai l’initiative de l’offensive pour surprendre l’aile gauche autrichienne vers Plaisance. Le 20 les avant-postes du Ier Corps sont surpris par une reconnaissance offensive des Autrichiens à Montebello. La 1ère Division engage le combat, la 3e, avec la 12e batterie, marche au canon pour l’appuyer, mais arrive après le repli des Autrichiens.
Le 26 mai l’Armée française déclenche un mouvement tournant en remontant vers le nord pour déborder l’aile droite autrichienne. Pendant ce temps, l’armée royale sarde, qui forme l’aile gauche des alliés, doit masquer le mouvement français. Appuyée par le IIIe Corps, elle progresse vers l’aile droite autrichienne pour la repousser vers Palestro. Le village est pris le 29, mais le lendemain, les Autrichiens déclenchent une contre-attaque, repoussée par les Sardes. Le 31, une nouvelle attaque autrichienne est déclenchée. La 1ère Division du IIIe Corps envoie quatre bataillons (8e Bataillon de Chasseurs et les trois bataillons du 23e Régiment d’infanterie) et quatre pièces d’artillerie de la 11e batterie pour renforcer l’aile gauche sarde. Les pièces, en batterie sur l’axe d’attaque contraignent les Autrichiens à la retraite. Ces combats, en distrayant l’armée autrichienne de son effort principal permettent au IIe Corps et à la Garde impériale d’atteindre Novare.
Le 4 juin, le IIIe Corps, en marche vers le sud, est dérouté pour épauler la Garde qui se heurte aux Autrichiens à l’ouest de Magenta, et qui risque d’être débordée. Les combats sont d’une rare violence et la 11e batterie est fortement sollicitée. Après plusieurs heures d’affrontement, les Français se rendent maître du village et les Autrichiens du général Hartmann battent en retraite dans la soirée.
Le 8 juin, le Ier Corps (maréchal Baraguey d’Illiers) après une journée de marche forcée arrive en vue du village de Mélégnano. La 3e Division (général Bazaine) reçoit l’ordre d’attaquer. Les Zouaves de l’avant-garde appuyés par les canons de la 12e batterie se déploient et engagent le combat. Les pièces suivent au plus près les fantassins, n’interrompant leurs tirs que pour permettre la charge à la baïonnette qui emporte la décision.
La bataille de Solférino
Le 1er Corps reçoit le 23 juin l’ordre de se porter sur Solférino. La 2e Division suivie de la 1ère se mettent en marche dés l’aube du 24, la 3e Division, réserve du Corps partant quelques heures plus tard dans le sillage de la 1ère. Le maréchal Baraguey d’Illiers fait alors passer la 3e Division en tête. Les 1er et 2e bataillons du 1er Régiment de Zouaves abordent les hauteurs qui dominent le cimetière, centre de la résistance autrichienne. Le 3e bataillon, le 34e Régiment d’infanterie et la 12e batterie appuient cette difficile progression. Cloués au sol par la mitraille ennemie, les bataillons de tête ne peuvent déboucher sur le cimetière. Hissant leurs pièces sur les hauteurs malgré les difficultés d’accès, les canonniers ouvrent le feu sur les murs du cimetière pour ouvrir une brèche. Cette brèche permet au 78e de ligne de donner l’assaut qui emporte la décision . La 3e Division poursuit les Autrichiens et en fin d’après-midi, peut s’installer dans Solférino. Le capitaine Chassaigne de Lagrange est mortellement blessé, le lieutenant en premier Desmazières est blessé et évacué, c’est le lieutenant en second Malfroy qui commande la batterie.
Le IVe Corps (général Niel) marche à l’ennemi et sa 1ère Division (général de Luzy) reçoit l’ordre d’attaquer Médole. Deux bataillons du 49e de ligne et un bataillon du 30e sur le flanc droit, deux bataillons du 30e, un du 49e sur le flanc gauche attaquent appuyés par les canons de la 13e batterie. Les combats sont très violents et l’infanterie doit enlever à la baïonnette toutes les positions. La 15e batterie, appartenant à la réserve d’artillerie du IVe Corps est envoyée en renfort.
Le IIIe Corps, après avoir pris sans difficulté Castel-Goffredo, se dirige vers Médole pour renforcer la 1e Division du IVe Corps. La 11e batterie prend à partie les Autrichiens qui tentent de déborder par la droite.
La bataille est interrompue en fin d’après-midi par un terrible orage qui permet aux Autrichiens de battre en retraite.
Le 12 juillet, l’empereur Napoléon III et l’empereur d’Autriche François-Joseph, soucieux d’apaiser les tensions en Europe, transforment l’armistice signé le 8 en traité de paix.
Pour le Régiment, cela signifie le retour à Besançon, sauf pour la 12e batterie qui reste en Italie au sein d’un corps d’occupation, et pour les 11e et 13e batteries qui ne retrouvent la Franche-Comté qu’après avoir participé le 14 août au défilé des troupes victorieuse de l’Armée d’Italie à Paris.
LA REORGANISATION DU 1er AVRIL 1860
Un décret du 20 février 1860 prescrit la réorganisation du Régiment selon la structure suivante :
- un état-major
- un peloton hors-rang
- dix batteries.
L’état-major, le peloton hors-rang et les 1ère, 2e, 4e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 12e batteries restent au Régiment.
Les 3e, 5e, 13e, 14e et 15e batteries forment avec cinq batteries du 13e Régiment d’artillerie, lui aussi restructuré, le 15e Régiment d’artillerie nouvellement créé à Auxonne.
Le dépôt est supprimé.
La 1ère batterie, détachée à Dôle, devient 5e batterie; la 2e batterie, à Metz, devient 1ère batterie, la 4e batterie devient 9e batterie ; les 6e, 7e et 8e batteries deviennent 2e, 3e et 4e batterie ; la 9e batterie détachée à Blida devient 10e batterie ; les 10e et 11e batteries deviennent 6e et 7e batteries ; la 12e batterie, appartenant au corps d’occupation en Italie, devient 8e batterie.
1ère batterie (ex-2e) capitaine Arrachart.
2e batterie (ex-6e) capitaine Freschard.
3e batterie (ex-7e) capitaine Petitjean.
4e batterie (ex-8e) capitaine Vermeil.
5e batterie (ex-1ère) capitaine Abadie.
6e batterie (ex-10e) capitaine Michel.
7e batterie (ex-11e) capitaine Marchesne.
8e batterie (ex-12e) capitaine d’Haranguier de Quincerot.
9e batterie (ex-4e) capitaine Jacquot.
10e batterie (ex-9e) capitaine Avril.
Le Régiment est regroupé à Besançon au milieu de l’année 1860, hormis deux batteries détachées à Metz et Dôle.
Expédition de Chine 1859-1861
La 1ère section de la 4e batterie (fuséens) est désignée pour prendre part à l’expédition de Chine. La section, aux ordres du capitaine en 2e Delaroze, embarque à Alger le 1er décembre 1859, d’où elle gagne Toulon, où elle embarque le 28 sur le “ Reine des Clippers ”. Après un incendie qui ravage le navire le 3 juin au large de Macao, la batterie est finalement acheminée par un autre bâtiment et débarque en Chine le 7 juillet, avec 2.000 fusées (1.000 fusées de 60 mm, 56 de 120 mm, 144 de 90 mm, 800 de 70 mm). Entre-temps, la 4e batterie est devenue 9e batterie suite à la réorganisation du 1er avril 1860. A son arrivée au camp de Tché-Fou, la section doit fabriquer des bats de fortune pour remplacer ceux détruits dans l’incendie. Le 26 juillet, l’escadre française appareille pour l’île de Sha-Lui-Tien, à l’embouchure du Pei-Hô, où les troupes débarquent le 1er août, s’emparant aussitôt de Pétang. Le 12, l’armée alliée se met en marche en direction du sud, en suivant la route de Tien-Tsin et Takou. Le même jour, la batterie est sollicitée pour appuyer la prise du fort de Sing-Ho. Le 14, le corps expéditionnaire attaque le fort de Thang-Kou, que les fantassins appuyés par le tir des fuséens emportent à la baïonnette. Le 21, les forts de Takou tombent à leur tour dans nos mains, véritable gage entre les mains des diplomates qui doivent entamer les pourparlers avec les émissaires chinois. Les négociations échouent et le 9 septembre, le corps expéditionnaire quitte Tien-Tsin où il était au repos durant les négociations pour rejoindre Macao le 17. Le 21, l’armée s’élance pour aller à la rencontre des troupes chinoises signalées sur la route de Pékin, à hauteur de Tchoung-Tchéou. La brigade du général Jannin, appuyée par les canons de 12 de la 9e batterie du 14e Régiment d’artillerie et par notre section de fuséens, se porte au contact de l’ennemi qui retranché dans le faubourg de Oua-Koua-Yé, interdit les abords du pont de Palikao. Des milliers de cavaliers tartares se ruent contre les ailes de la brigade, menaçant de déborder notre dispositif. Les tirs de fusées sèment le désordre et la panique dans la cavalerie chinoise, qui doit refluer. Dés que le village de Oua-Koua-Yé est pris, le colonel de Bentzmann, commandant l’artillerie du corps expéditionnaire, déploie ses pièces (canons de 12 et fusées), de façon à prendre le pont en enfilade. Cet appui est décisif et permet aux fantassins du général Collineau de s’emparer du pont après un assaut à la baïonnette. Le 5 octobre, une partie du corps expéditionnaire marche sur Pékin, puis sur Yen-Ming-Yuen, où l’armée chinoise s’est retranchée. Le reste des troupes alliées arrive le 9 devant les murs de Pékin et s’installe en vue d’un siège. Le 15, sous la menace d’un bombardement, Pékin ouvre ses portes. Le 25, les Chinois acceptent de signer un traité de paix. Le 1er novembre, les troupes franco-britanniques quittent la ville et rembarquent à partir du 26 vers Canton et Shangaï où le corps expéditionnaire s’installe en vue de l’hiver. Hormis un petit détachement de cinq canonniers aux ordres d’un maréchal-des-logis qui intègre le corps expéditionnaire du vice-amiral Charner qui doit dégager Saigon assiégé, la section embarque en janvier 1861 et rejoint à Besançon le 30 mai les deux autres sections de la 9e batterie, rentrées d’Algérie.
EN FRANCE
1862-1870
Un ordre du ministère de la guerre du 12 mars 1862 transfère le Régiment à Vienne avec des détachements à Chambéry, Grenoble et Lyon. A peine installé, un nouvel ordre du 12 juin déplace la portion centrale de Vienne à Grenoble.
Un décret impérial du 15 novembre 1865 supprime les 10e batteries de tous les régiments d’artillerie. Les inquiétudes nées de l’affaire du Luxembourg décident le ministre de la guerre à rétablir le 10 avril 1867 ces batteries. Le décret prévoit par la même occasion de transformer cinq batteries à pied en batteries montées. Un nouveau décret du 13 mai 1867 prévoit que le Régiment doit compter douze batteries, quatre batteries à pied et huit batteries montées. Une décision du 7 juin lui donne l’appellation de 12e Régiment d’artillerie montée. Le 1er juillet le Régiment adopte cette nouvelle organisation.
Les 1ère, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e et 10e batteries restent au Régiment, les 8e (capitaine Faure-Durif) et 9e (capitaine Montanier de Belmont) sont versées au 3e Régiment d’artillerie. Les 1ère (capitaine Soubrat) et 2e (capitaine Gay) batteries du 3e Régiment d’artillerie passent au 12e où elles prennent les numéros 2 et 3, un détachement du Régiment formant la 4e batterie du 12e. Les 1ère, 2e, 3e et 4e deviennent 8e, 9e, 11e et 12e batteries.
1ère batterie, à pied, créée au régiment capitaine Macé.
2e batterie, à pied (ex-1ère du 3e) capitaine Soubrat.
3e batterie, à pied (ex-2e du 3e) capitaine Gay.
4e batterie, à pied (cadres du 3e) capitaine Salin.
5e batterie, montée (ex-5e) capitaine Merlin.
6e batterie, montée (ex-6e) capitaine Morlière.
7e batterie, montée (ex-7e) capitaine Astier.
8e batterie, montée (ex-1ère) capitaine Thillaye.
9e batterie, montée (ex-2e) capitaine Rabatel.
10e batterie, montée (ex-10e) capitaine Zimmer.
11e batterie, montée (ex-3e) capitaine Villate.
12e batterie, montée (ex-4e) capitaine Denef.
En septembre, le Régiment quitte Grenoble pour se regrouper à Auxonne.
L’expédition de Rome 1867
Le colonel Faye, commandant le Régiment depuis septembre 1864, le chef d’escadron Süter, le chef d’escadron Bougault et les 8e et 9e batteries sont désignées pour participer au corps expéditionnaire de Rome. Le colonel Faye est nommé commandant de l’artillerie du corps expéditionnaire, avec pour chef d’état-major le chef d’escadron Süter. Le chef d’escadron Bougault doit commander les deux batteries.
La 8e batterie (capitaine Thillaye) embarque le 27 octobre à Toulon et après avoir débarqué à Civita-Vecchia, gagne Rome le 4. Trois semaines plus tard, elle regagne Civita-Vecchia et rembarque. En février 1868, elle regagne Auxonne.
La 9e batterie (capitaine Rabatel) embarque le 25 octobre à Toulon et de là rejoint Rome qu’elle atteint le 2 novembre, pour être rattachée à la 1ère Division du corps expéditionnaire. Le 3 novembre, la 1ère demi-batterie aux ordres du lieutenant Ploix, quitte Rome pour rejoindre la colonne du général de Polhès, qui se met en route vers Mentana. Les pièces suivent au plus près les fantassins de la première ligne. La première pièce se met en batterie sur un monticule à huit-cents mètres au sud-ouest de Mentana et ouvre le feu contre l’artillerie ennemie embusquée dans les maisons du village. La deuxième pièce prend en enfilade un chemin creux et réduit le feu de l’infanterie ennemie. La troisième pièce depuis une position sur la route du village tire sur Mentana. L’ennemi harcelé par les tirs de nos pièces et par les assauts répétés de l’infanterie abandonne le terrain. La 2e demi-batterie quitte Rome le 4 pour rejoindre à Santo Naïnentano les troupes du général Dumont, qui relève la brigade Polhès à Mentana.
Le 30 novembre, la batterie quitte l’Italie et rejoint Auxonne mi-février. Le lieutenant Ploix est proposé pour la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, le maréchal-des-logis Coquillons et trois canonniers sont proposés pour la Médaille Militaire.