Après quelques semaines de “ course à la mer ” et de guerre de mouvement, les armées s’installent dans une guerre de tranchée, sans l’avoir vraiment désiré, ni surtout sans l’avoir préparé. L’artillerie française, qui a tout misé sur les remarquables qualités du canon de 75, se trouve démunie pour cette nouvelle forme de combat. Insuffisamment dotée en artillerie lourde, elle est contrainte de rechercher des engins à tir courbe. Le “ choix ” se porte sur des petits mortiers Louis-Philippe Modèle 1839 de 15 cm, conçu à l’origine pour battre les angles morts des fortifications. Ces engins lancent à plusieurs centaines de mètres des bombes sphériques chargées de poudre noire et munies d’une fusée en bois. L’ensemble ressemblant vaguement à un gros crapaud, reçoit assez rapidement le surnom de “ crapouillot ”, qui désignera rapidement tout engin de même type et par extension les servants eux-mêmes. Un certain nombre d’inventions plus ou moins pérennes se font jour, avant la mise au point par le chef de bataillon Duchène, du Génie, du mortier de 58. Les premiers succès de ce mortier incitent l’Etat-major à élargir l’arsenal et fin 1915, les mortier de 240 et de 340 font leur apparition. Les “ crapouillots sont organisés en sections “ d’artilleurs-bombardiers ”. Une section sert deux engins et comprend les effectifs nécessaire au service permanent des deux mortiers : un chef de section (sous-officier), un adjoint, quatre chefs de pièces et douze servants. Six sections forment une batterie, commandée par un officier d’artillerie, le plus souvent un lieutenant. Fin 1917, les batteries d’artillerie de tranchée sont regroupées pour donner naissance à cinq régiments : 175e, 176e, 177e, 178e et 179e Régiment d’artillerie de tranchée . A cette époque l’artillerie de tranchée, à son apogée, compte 40.000 hommes et 4.000 mortiers de tous calibres.
Le 12e Régiment d’artillerie a donné naissance à trois batteries d’artillerie de tranchée, dont elle a fourni les personnels et l’encadrement. Ces trois batteries ont connu une existence autonome, parfois loin du Régiment.
La 101e batterie de tranchée a été créée le 1er octobre 1917. Dotée de mortier de 58, elle participe aux combats de l’Aisne et des Vosges. Elle est décorée de la Croix de Guerre 1914-1918, avec une citation à l’ordre du Corps d’Armée. Le 8 avril 1918, elle devient 37e batterie du 175e Régiment d’artillerie de tranchée.
La 110e batterie de tranchée est créée le 4 avril 1916. Équipée de mortier de 240, elle est engagée dans les combats de la Somme de juin à octobre 1916, puis au nord-ouest de Reims de janvier à avril 1917, dans le secteur du Matz de mai à août et enfin au sud-est de Ham (vingt kilomètres au sud-ouest de Saint-Quentin) en septembre et octobre. Elle devient 121e batterie du 45e Régiment d’artillerie le 1er octobre 1917.
La 111e batterie de tranchée est créée le 10 août 1916. Avec ses mortiers de 240, elle combat dans la Somme de septembre à décembre 1916, à l’est de Montdidier en février et mars 1917, dans les Monts de Champagne et en Alsace en entre mars et juin, et en Meuse jusqu’en octobre, avant de former la 121e batterie du 250e Régiment d’artillerie le 1er octobre 1916.